L’équipe de L’Âge d’or, Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil, s’allie à Karine Bernadou au dessin pour un très bel album rempli de couleurs chatoyantes.
Au début du XXᵉ siècle, une étrange statuette atterrit dans les mains d’Elsie Applebaum, la troublant profondément. Notre héroïne, jeune bourgeoise, embarque pour le Mexique et se retrouve accueillie par le père Andrés, le curé d’une paroisse perdue du Yucatan. La raison de sa présence ? L’absence de nouvelles de son mari archéologue, Arthur, depuis plusieurs semaines… Bien décidée à retrouver l’homme qu’elle aime, Elsie se retrouve aidée bien malgré elle par l’indigène Amaru. Ils partent tous les deux pour un voyage au cœur d’une forêt inhospitalière, peuplée d’animaux étranges et de colons violents.
Les thèmes de l’exotisme et du colonialisme se déclinaient déjà dans une BD déjà chroniquée ici, Antipodes. Car Elsie A. ne se présente pas seulement comme une BD d’aventure, la critique des colons passant par des personnages masculins tous plus détestables et misogynes les uns que les autres. Les autochtones ne se retrouvent pas à vivre paisiblement avec les colons blancs d’origine espagnole, mais à lutter pour leur survie. Amaru, dont la fille est malade, en assurant qu’il se méfie de la médecine des Blancs, remet en cause la position dominante du colon.
Au-delà de son odyssée fluviale, Elsie A. convainc surtout pour son identité visuelle. Les superbes couleurs aux dominantes orange et vert ainsi que les dessins font alterner ce voyage entre réalité et onirisme. Le pouvoir d’Amaru et les visions d’Elsie donnent naissance à des monstres et des fantômes qui pourraient bien amener Elsie à voir ce qu’elle cherche à oublier.
Elsie A., Cyril PEDROSA et Roxanne MOREIL (scénario), Karine BERNADOU (dessin), Dargaud, 120 pages, 25 €
Visuel : © Couverture de l’album