Nouvelle bande dessinée d’une jeune autrice de 84 ans, Ce soir c’est cauchemar, à la manière du Pixar Vice-versa, se déroule dans une boîte crânienne.
Rationnaliser, organiser, optimiser les coûts, dégraisser… Tout ce charabia qu’on a tant l’habitude d’entendre dans nos entreprises se retrouve ici transposé dans… la boîte crânienne d’une dormeuse ! L’anguleux Charles Chaposec, à la figure peu avenante d’un sévère consultant, a été mandaté pour réaliser « un contrôle interne du secteur Rêves », secondé par Mme Moraline Monnereau de la branche « Ethique ». Objectif : « Place à la clarté ! Place à la transparence ! » Les deux personnages dominés par la raison vont donc se retrouver à passer de rêves en rêves, accompagnés par Lili et Zizi Frisson, spécialistes des émotions et des sensations, de Monsieur Loïc Lalune, responsable de l’imagination, de Raoul Turbin, préposé au « Rendement » ou encore de Reine Bancale, experte de la mémoire.
Ce soir c’est cauchemar rappelle furieusement Vice-versa, différentes émotions s’affrontant au sein d’un même être vivant et, graphiquement Little Nemo in Slumberland de Winsor McCay, classique de la BD américaine. L’album oscille entre graphismes terrifiants, qui pourraient paraître de mauvais goût si Nicole Claveloux ne maîtrisait pas tant son art, elle qui participa longuement à la revue Métal Hurlant. Les personnages s’enfoncent dans des rêves de plus en plus absurdes et sombres, alors que Charles Chaposec perd peu à peu son sang froid face à tant de liberté. Les bulles se tordent, Blaise Pascal apparaît, un personnage parle en rébus, les cases se diffractent : Ce soir c’est cauchemar est un étrange et joyeux bordel.
Ce soir c’est cauchemar, Nicole CLAVELOUX, Editions Cornélius, 72 pages, 24,50 €
Visuel : © Couverture de la bande dessinée