Un scénario enlevé et de magnifiques dessins font de ce Carcajou l’une des meilleures bandes dessinées de ce début d’année 2024.
En 1895, dans la petite ville de Sinnergulch, au Canada, un entrepreneur fait les beaux jours et la loi de cette contrée. Jay Foxton, à la tête de la Foxton Inc. qu’il a héritée de son père, entretient de très bonnes relations avec le maire et le chef de la police, même si son frère, handicapé moteur, lui pose quelques problèmes, et que la belle Linda, tenancière du saloon, résiste à ses avances. Mais la véritable épine dans le pied de Jay Foxton porte le nom de Gus Carcajou. A quelques miles du bourg, ce vieil homme s’est installé sur une belle parcelle il y a des dizaines d’années, parcelle convoitée par Foxton car regorgeant de pétrole.
Tous les codes du western sont réunis et maîtrisés à perfection dans Carcajou. Les personnages archétypaux (le vieil ermite à la David Crockett, l’entrepreneur véreux, la jeune et jolie tenancière du bar, le vendeur ambulant d’élixirs…), sans être caricaturaux, révèlent tous quelque chose de cette contrée sans foi ni loi. Campée dans de magnifiques paysages dessinés par Djilian Deroche, l’histoire adopte au départ un jeu de chat et de la souris, avant de déboucher au bout d’une centaine de pages sur quelque chose de beaucoup plus sombre. Très cinématographique (usage de flash-backs, cadrages de certaines cases rappelant des plans issus du septième art), Carcajou passionne et éblouit. Eh oui, tout cela à la fois !
Carcajou, ELDIABLO (scénario) et Djilian DEROCHE (dessin), Editions Sarbacane, 224 pages, 26 euros