Panorama de la musique de film de genre, le livre de Ludovic Villard est un agréable panorama courant de Psychose (1960) à Blade Runner (1982).
Comment définir le cinéma de genre ? Vaste question, aussi vaste que « qu’est-ce que la littérature ? ». Le cinéma de genre, c’est tout ce qui ne serait pas académique ou commercial, qui sortirait des conventions et se trouverait dans un à-côté. Dans son essai Bandes originales & cinéma de genre, Ludovic Villard regroupe plusieurs sous-genres pour constituer le cinéma de genre : le cinéma fantastique et d’horreur, le film policier, le western, les films de science-fiction et, plus rares, mais tout aussi stimulants, les films érotiques. D’autant plus que les années 1970 vont « voir l’idée même de genres exploser en une infinité de sous-genres, de fusions, de catégories hybrides plus ou moins destinées à disparaître ou perdurer : slasher, western, spaghetti, fantasy, comédie horrifique »…
Cet ouvrage revient habilement sur la naissance du cinéma, intimement liée au cinéma de genre (Le Voyage dans la Lune de Méliès par exemple, même si l’auteur note que « les notions même d’anticipation et d’irrationnel acceptable sont toujours malheureusement absentes des intentions du metteur scène »). Le premier tiers du livre se présente comme une histoire de la musique au sein du cinéma de genre, des premières bandes originales à celle de Vangelis pour Blade Runner de Ridley Scott. Selon Ludovic Maillard, la musique de Bernard Herrmann pour Psychose marque la pierre angulaire d’un « art cinématographique enfin dépouillé de ses prothèses commerciales » (rappelons-le, Hitchcock avait hérité d’un très faible budget pour son film, Paramount Pictures ayant refusé le scénario et toute forme de financement). Agrémenté de quelques biographiques de compositeurs phares (Giorgio Moroder, Isaac Hayes, Vangelis…), l’ouverture du livre se clôture par la bande originale de Blade Runner : « on constate une perte de grâce et de magie dès l’avènement de ces blockbusters, symboles d’un retour à l’ordre incarné par la politique de Donald Reagan et l’abandon notable de la critique sociale dans le cinéma ».
La deuxième partie de l’ouvrage occupe les deux tiers du livre. L’auteur aborde une centaine de bandes originales par ordre chronologique. L’analyse est claire et se passe heureusement de tout jargon, et ne se contente pas uniquement du paysage sonore hollywoodien ou français. Gialli italiens, films américains du Nouvel Hollywood, films français de la Nouvelle Vague, blaxploitation, cinéma d’animation : l’éventail est large et donne envie d’ouvrir votre plateforme de streaming musical ou Youtube pour tenter de dénicher certaines perles comme la BO de Vij (1967) signée Karen Khatchatourian, celle de Santo et le trésor de Dracula (1969) par Sergio Guerrero ou encore la musique de Body Love (1977) composée par Klaus Schulze.
Bandes originales & cinéma de genre, Ludovic VILLARD, Le Mot et le reste, 312 pages, 24 €
Visuel : ©couverture