L’ennui de l’été, un cinéma qui sort de la torpeur, la rencontre d’un garçon. Au travers du rayon est une BD sensible qui croit dans les pouvoirs du cinéma.
Au départ d’Au travers du rayon, il y a deux théories. Celle développée par Jules Verne dans son roman Le Rayon vert (1882) et reprise dans le film d’Éric Rohmer, Le Rayon vert (1986) : lorsque le soleil se couche, plonge dans ma mer, « il y a eu une sorte d’éclair vert clair, comme une lame de sabre qui se détachait horizontalement, c’était extrêmement beau mais tout à fait court ». Ce moment fugace permettrait, à qui l’aperçoit, de lire dans ses propres sentiments et dans ceux des autres. La deuxième théorie explique que « le cinéma, c’est des portes vers des vies parallèles. Qu’on peut emprunter pour échapper à notre réalité. Prolonger notre relation avec les films qui nous transportent. » En se concentrant bien, en recréant des conditions idéales, on serait donc en droit de s’échapper dans un film, telle l’héroïne jouée par Mia Farrow dans La Rose pourpre du Caire (Woody Allen, 1985).
À ces deux thèses, Jeanne y croit dur comme fer, elle qui potasse des ouvrages théoriques sur le Septième art en occupant son job d’été de concierge. La rencontre de Mattia ne va pas freiner Jeanne dans son projet de s’échapper de la réalité d’un été ennuyeux. En apprenant par cœur les répliques d’un film, en se glissant « dans la peau d’un personnage qui a une forte connexion avec celui que tu veux rencontrer », en visualisant chaque détail de la mise en scène, Jeanne veut passer de l’autre côté de l’écran.
Au travers du rayon est une bande dessinée qui interroge sur le passage à l’âge adulte, et les croyances que l’on se forge pour éviter se de retrouver dans le monde des grands. Les dessins, simples, croquent le quotidien estival et le temps que l’on occupe en se rendant dans les salles obscures.
Au travers du rayon, Aude BERTRAND, Editions 2024, 180 pages, 26 euros
Visuel : © Couverture du livre