« Atlantique » de Marie Lacire : Plongée en eaux troubles de la création

Travail, persévérance, travail, talent, travail, coup de pouce du destin : publier un premier roman n’a jamais été facile. Et cela l’est sans doute encore plus en cette année de sobriété où « seuls » 466 romans vont paraître d’ici le mois d’octobre, contre 490 en 2022 et 521 en 2021. On imagine alors le stress des primo-romanciers qui se savent attendus au tournant. Qui savent attendu leur deuxième rejeton comme, peut-être, la journaliste Marie Lacire qui publie en cette rentrée son premier roman.

Atlantique c’est l’histoire d’Anne, écrivaine parisienne dont l’inspiration comme le couple se retrouvent en panne sèche. Anne doit écrire un second roman mais n’y arrive pas. Elle a beau fuir dans le Médoc, se réfugier dans la maison de vacances de sa belle-famille, rien n’y fait. Elle coupe davantage les arbustes du jardin qu’elle élague le premier jet de ce qui pourrait ressembler à un début d’histoire. Et la rencontre avec Nicolas, un romancier connu, ne va rien arranger : y-a-t-il de la place à Naujac pour deux écrivains ?

Si Anne lit tous les livres de Nicolas, les trouve tous bons, on aimerait pouvoir dire la même chose de ceux de Marie Lacire à la rentrée prochaine et toutes celles d’après. Comme sa narratrice, l’autrice « court après les mots qui courent eux-mêmes loin devant elle ». Elle les aligne sur la page, parfois en désordre, mais de manière toujours juste. Elle se saisit d’une langue qui vous lèche comme pour mieux vous faire entrer dans l’intimité de la création. Et vite. Car la mort nous précipite à inventer des choses. « Écrire des choses. Pas moyen de se donner le temps ». Et nous d’espérer qu’arrive plus vite la prochaine rentrée.