L’ écrivaine, dramaturge et chercheuse suisse Arielle Meyer MacLeod nous revient avec un roman très intime autour de l’ambivalence et du trauma.
Gabriel, l’ami de toujours, meurt sans avoir tenu sa promesse : emmener la narratrice au Liban, où il est né, où il a grandi, où il n’est jamais retourné. Mue par un élan qu’elle ne saisit pas elle-même, la romancière entreprend alors seule ce voyage, à la recherche de la maison d’enfance de Gabriel dont elle ne sait que ce qu’il lui en a raconté. Ce voyage sur les traces d’un passé dont ne subsistent que des ruines, d’une affolante beauté, va la mener face aux non-dits de sa propre histoire.
A-t-elle vraiment effectué ce voyage ? Ou l’a-t-elle rêvé ? Peu importe, car ce périple vers l’esthétique de la faillite d’un pays en train de disparaître a autorisé l’écrivaine à affronter ses propres démons. Elle a souhaité se rapprocher de la beauté de son ennemi, un ennemi qui la méprise en tant que femme, qui la hait en tant que Juive. Dans un même mouvement vers une beauté si proche et une haine si connue, face à l’ambivalence, elle a pu dire son traumatisme d’enfance. Il nous faut à chacun de nous comprendre à travers l’ambiguïté de tout sentiment.
La plume d’Arielle Meyer MacLeod restitue avec finesse l’impossible enchevêtrement de l’envie et de la répulsion, de la magnificence et de la dévastation, de la vie et de la mort. Elle sait décrire avec intelligence la sombre splendeur de la disparition, celle de son ami en miroir à celle du Liban. Le lecteur retrouvera avec bonheur le talent de l’écrivaine à insuffler une épaisseur diachronique dans chaque mot, chaque phrase.
Un roman psychanalytique qui ne laisse pas indemne.
Collection : La rencontre
février 2024
120 pages – 17 €