Sur l’estrade de la Maison de la Poésie le 18 novembre prochain et surtout sur la shortlist ultime du Prix Goncourt, Hélène Gaudy signe chez l’Olivier un livre de mélancolie et de lien ultime dédié à son père.
« Aux confins de la Louisiane, une île porte le prénom de mon père. Chaque jour, elle s’enfonce un peu plus sous les eaux. » C’est ainsi que commence le livre à la fois sinueux et intime, poétique et plein de manques, d’Hélène Gaudy. Aujourd’hui papa est mort et c’est peut-être l’heure plus que jamais que le lien à lui soit vivant. La mémoire remonte en vagues de lumière, par petites touches impressionnistes. Et avec elle c’est un lien défait qui se restaure et grossit et c’est un portrait d’homme quasiment complet qui se dessine.
Dans une langue riche, qui semble errer avec grâce pour trouver le mot juste pour décrire au plus près le sentiment que laisse l’absence, Hélène Gaudy tisse un œuvre d’artisan, d’amoureuse, de fille en quête de père et de réappropriation de ce si cher étranger. Hier, papa est mort et aujourd’hui il appartient peut-être à sa fille plus que jamais, comme une grande sculpture de textile doux, cotonneux et protecteur. Un livre à la fois fantomatique et doux qui exprime peut-être mieux que tout autre roman de cette rentrée littéraire que la vraie vie, la vie enfin vécue, y compris dans l’amour filial le plus intense, c’est la littérature.
Hélène Gaudy, Archipels, L’Olivier, 19 août 2024, 288 pages, 21 euros.
Visuels (c) Couverture du livre