Après ses deux derniers succès, La Deuxième Femme (2020) et Petite Sale (2023), Louise Mey nous propose un huis clos angoissant mais guère convaincant.
Le quotidien de Juliette n’est guère passionnant. Elevant seule son bébé dans un petit appartement en rez-de-chaussée, la jeune mère effectue sa routine bien calculée pour veiller au confort de la petite Inès, huit mois. Pour celle qui a choisi de faire un bébé toute seule, la vie est cependant bien plus paisible que lorsque Juliette était en couple. « Elle avait fait partie de ces femmes qui se font avoir, qui pensent tomber amoureuses alors qu’elles trébuchent, s’emmêlent, se prennent les pieds dans un piège soigneusement préparé, hébétées de caresses, d’attentions, de mots, de gestes, de silences, de menaces, de coups. » Victime d’un homme violent, Juliette se relève peu à peu dans son nouveau cocon. Mais un beau matin, un coup de sonnette vient perturber la routine, et le passé fait soudain irruption dans les 34m².
Pour son court thriller (139 pages), Louise Mey reprend les codes de la tragédie : unité de temps (les événements se déroulent en une matinée), de lieu (l’appartement) et d’action (l’invasion de l’ancien amant). Pour autant, l’auteure peine à insuffler un réel suspens à son histoire, malgré une situation de base plus qu’oppressante. Si Louise Mey déploie un certain registre de langue (Juliette ne peut s’empêcher de compter pour calmer ses angoisses, certaines phrases ne contiennent pas d’espaces pour souligner la tension), on peine à comprendre la géographie de l’appartement, et à finalement ressentir le danger éprouvé par Juliette, et la nécessité pour la mère de protéger son enfant. Traitant pourtant de questions contemporaines importantes (l’emprise, les violences domestiques, les mères célibataires…), 34m² sent un peu trop le « livre dispositif » pour vraiment passionner.
« C’est un matin comme celui-là qu’elle s’est dit qu’elle pourrait s’occuper d’un enfant. Non, pas s’occuper, c’était plus confus que cela. Elle a été obligée d’inventer des certitudes pour les entretiens, c’était pénible, devoir convoquer de l’assurance en plus du reste, prouver qu’elle savait ce qu’elle faisait. La vérité, c’est qu’elle aimerait pouvoir dire ces choses définitives, ces choses très grandes, très solides, et y croire, mais la certitude ne fait plus partie de Juliette. »
34m², Louise MEY, Editions du Masque, 144 pages, 14,90 €
Visuel : © Couverture du livre