Une édition flamboyante pour Art Basel

Sculptures et photographies triomphent

Comme d’habitude, le rez-de-chaussée de la foire est dédié aux plus reconnues des galeries et à des œuvres qui pourraient être dans des collections de musées, tandis qu’à l’étage, qui est tout aussi foisonnant, aussi bien Chantal Crousel qu’Emmanuel Perrotin côtoient des galeries encore plus internationales. Ainsi, on se délecte de Picasso et l’on se pâme devant des dessins de Picabia chez  Michael Werner, des Léger en comité d’accueil chez Landau, des extraordinaires De Chirico chez Tornabuoni, des Basquiat chez Van de Weghe, des David Hockney chez Offer Waterman mais aussi des photos de Lee Friedlander chez Luhring Augustine. Un bon résumé de la foire tient dans une sculpture de Tony Cragg devant une bibliothèque de Candida Höfer.

De la couleur et du panache

Les artistes les plus représenté.e.s de la foire sont peut-être le photographe Thomas Schütte et la plasticienne Yayoi Kusama, témoignant d’un intérêt pour la photographie et la sculpture : le Donald de Paul McCarthy est massif et rouge chez Xavier Hufkens, les humains de Stephan Balkenhol ont les cheveux fondus et les couleurs, elles sont fortes, avec volontiers des références aux maîtres anciens quand il y a des toiles (aussi bien le pastiche de Rubens par Robert Longo chez Ropac, que la toile interminable de Dominique Fung dans la section «Unlimited»). C’est coloré mais pas trop pop (sauf dans quelques galeries comme Amine Rech), assez texturé et un brin expressionniste.

À noter : Liste, le off le plus important d’Art Basel, qui est niché dans un des halls de la Messe, où les tendances sont les mêmes, même si un espace est conservé aux livres et un autre aux performances.

Mon beau miroir

De l’affiche (signée Maria Hassabi) aux galeries, on aime les miroirs à Art Basel : ils reflètent les visiteurs ou la famille qui installe l’œuvre chez elle. Chez Unlimited, ça brille avec majesté, aussi bien avec Chiharu Shiota qu’avec Julio Le Parc, Carl Andre ou Dan Flavin, qui est actuellement à l’honneur au Kunstmuseum de Bâle. Du côté de la foire, on aime les mythes, les superhéros et les messages conceptuels qui interrogent l’art conceptuel et notre réalité. C’est le grand come-back du néon. Et les artistes repérés à la biennale de Venise sont à acquérir à Bâle, à commencer par les néons «étrangers partout» de Claire Fontaine chez Kamel Mennour.

La violence masquée par la foire ?

C’est donc plus chez Unlimited, avec la curation de Giovanni Carmine, que la violence de notre monde peut exploser, avec des œuvres qui posent la question de la guerre, mais aussi de l’oppression (Claudia Andujar qu’on retrouve à la foire, l’hommage aux Black Panthers de Henry Taylor, Faith Ringgold qui interroge l’amnésie américaine ou encore Wu Tien-Chang qui met en cause la domination de Taïwan par l’Occident à travers un marin tout queer et tout mignon… Très fin). Comme le sont d’ailleurs les œuvres grimaçantes de Waël Shawky, présentes à tous les étages : l’artiste qu’on a adoré au pavillon égyptien à Venise sait parfaitement mettre le spectateur mal à l’aise. Et l’on adore aussi les réflexions que peuvent proposer les accrochages spéciaux de certaines galeries «Kabinett» ou «Feature» qui permettent de se concentrer sur un ou deux artistes. Leonora Carrington est bluffante chez Wendi Norris et le duo Horst Antes / Robert Mapplethorpe chez Franco Noero est simplement magnifique.

Nos trois découvertes…

Parmi nos trois coups de cœur de la foire, on trouvera l’absurde zen des Inner Sources de Julie Beaufils en Unlimited, un Jean Fautrier de toute beauté chez Daniel Blau, et le renne en abattement de Julius von Bismarck chez Sies + Höke qui nous a fait rire puis réfléchir. Avec un petit bonus du côté de Liste : le vitrail paravent de Nina Hartmann chez Silke Lindner qui fait de l’œil aux espaces résolument cosy de Design Miami Basel.