Ce weekend a eu lieu le 3ème Pop women festival à Reims. Pour la journée internationale des droits des femmes, Cult a pu avoir un aperçu du programme riche qui était proposé.
Pendant trois jours se succèdent et s’entrecroisent performances, exposition, tables rondes, rencontres et projections autour du thème de la pop culture pensée et créée par les femmes. Partant du constat que les femmes y sont trop souvent sous-représentées, Céline Bagot, la fondatrice du festival qui travaillait auparavant pour le festival BD d’Angoulême, a voulu créer un espace où les femmes pourraient s’exprimer, être vues, être écoutées et échanger. Et la programmation du festival démontre que les femmes de toutes générations ont du talent à revendre et beaucoup à dire sur une grande variété de sujets.
Ce vendredi, la journée a commencé avec une table ronde intitulée Meufs ! au Cellier, l’un des nombreux lieux mobilisés pour l’évènement. Face aux cinq intervenantes et aux deux journalistes qui mènent la rencontre, un public entièrement féminin. Alors que l’IVG vient d’être inscrit dans la constitution, Blanche Sabbah, Erell Hannah, Grace Ly, marie Dubois et Typhaine D en ont profité pour faire un point sur les luttes féministes : d’où on vient, ce qui a été fait, ce qui reste à faire. En rendant hommage (ou femmage en langue Féminine universelle) à toutes ces activistes qui ont mené les combats et dont les résultats sont trop souvent appropriés par les gouvernants, elles ont souligné l’importance de conserver la mémoire des actions des femmes dans l’Histoire, l’importance du langage et la nécessité de combattre toutes les formes de domination dans un front commun.
Les nombreuses tables rondes ont abordé des sujets aussi variés que la place des femmes dans le foot, les personnages racisés dans la pop culture, l’inceste, la télé-réalité ou encore la masculinité toxique ou le désir ou non d’enfant. A tous ces sujets, ajoutons ceux abordés d’autres manières : des concerts dessinés, des lectures musicales ou dessinées, du stand-up, un championnat de foot dessiné, des enregistrements de podcasts en public, une battle BD et des rencontres croisées. De plus, on a pu assister à des projections de documentaires, séries et courts métrages. La programmation est riche et variée et s’adresse à tous les âges avec sa soixantaine d’invités (dont quelques hommes quand même). Parmi elles, on a pu voir et écouter Bernadette Desprès, Marion Montaigne, Pénélope Bagieu, Ovidie, Chloé Wary, Lola Lafon, Sandra Nkake, Camille Jourdy, Marguerite Abouet… la liste des talents confirmés ou en herbe est longue.
Parmi les trois expositions proposées sur un temps un peu plus long que celui du festival, notons Shiki : 4 saisons au Japon à la médiathèque Jean Falala, dont les grandes baies vitrées donnent sur la cathédrale. On y découvre les planches originales de la BD éponyme de Rosalie Stroesser, qui a reçu le Prix BD Fnac France Inter 2024. Dans un noir et blanc très graphique, on suit la narratrice dans ses déambulations japonaises sans paroles presque méditatives, accompagnées de quelques planches mises en couleur à la gouache.
La librairie du festival nous permet bien évidemment de repartir avec les livres dont on aura entendu parler par leurs auteurices, qui offrent également de les dédicacer. Les sacs s’alourdissent, et juste après avoir écouté Clémentine Monperrus faire un portrait plein d’humour d’Ovidie, nous repartons vers la gare, regrettant de ne pas pouvoir assister à la lecture dessinée érotico-culinaire de Juliette Oury et Aurélia Aurita. Cette journée passée dans une ambiance effervescente, conviviale et militante a permis d’aborder les questions féministes de façon légère et décomplexée en s’ancrant à la fois dans l’Histoire et dans le présent, dans le quotidien et les problèmes de société. On est bien loin des clichés sur le féminisme.
Pop women festival
7-8-9 mars 2024
Reims
Visuels :
1- Affiche Pop women festival
2- Affiche Coupe du pop
3- Shiki – Rosalie Stroesser – Vertige graphique