La toute dernière exposition de la Maison Européenne de la Photographie sera visible du 16 octobre 2024 au 19 janvier 2025. Elle a pour thème une étude esthétique des plantes à travers différents médiums.
Ce qui a suscité l’engouement des deux commissaires, Clothilde Morette, directrice artistique de la MEP, et Victoria Aresheva, commissaire à la MEP, c’est avant tout la manière dont la photographie a pu s’inscrire dans une approche sociale des plantes. Elles le disent elles-mêmes, les plantes sont un domaine très négligé par la recherche, les biologistes préférant souvent s’intéresser à la faune plutôt qu’à la flore. Le titre singulier de « non-histoire » est une manière d’étudier 200 ans de création photographique sur le sujet des plantes, sans pour autant en faire une ontologie. Cette exposition mélange différents médiums tels que l’installation, la vidéo, bien sûr la photographie, mais aussi le collage et les arts médiatiques. Ce projet est né pendant le confinement, à un moment où la nature semblait reprendre ses droits, révélant tout le mystère qu’elle renferme.
La première partie de l’exposition, située au premier étage de la Maison Européenne de la Photographie, explore l’esthétique biologique des plantes, notamment à travers le regard de photographes des années 1920-30. On y retrouve des images proches d’une étude scientifique, avec le travail du photographe Karl Blossfeldt, professeur et artiste connu pour son œuvre majeure Unformen der Kunst (1928, Art Forms in Nature). L’artiste Elspeth Diederix clôture cette section avec son projet Miracle Garden de 2019, réalisé à Amsterdam, où elle crée un jardin au cœur de la ville pour reconnecter les citadins à l’environnement.
La suite de l’exposition s’intéresse à la dégradation des plantes, avec notamment l’œuvre fascinante d’Angelika Loderer et sa série Exposure. L’artiste fixe ses tirages de plantes sur des morceaux de bois fabriqués à partir de champignons, permettant au tirage de se désintégrer progressivement à mesure que le champignon se développe.
La dernière partie de l’exposition adopte une approche plus « fictionnelle » que scientifique, avec un long couloir de références à la culture pop sur l’image de la plante monstrueuse. Le court-métrage de science-fiction d’Agnieszka Polska, The Book of Flowers (2023), conçu avec l’intelligence artificielle, propose une fable spéculative sur la relation symbolique millénaire entre les humains et les plantes à fleurs.
Les deux commissaires, Clothilde Morette et Victoria Aresheva, ont réussi à rassembler une quantité impressionnante d’archives et d’œuvres d’art. Au-delà de l’attachement à la question de la place de la photographie dans l’étude des plantes, cette exposition met surtout en avant la complexité, le mystère, mais aussi l’importance de l’écosystème et de la manière dont nous le gérons en tant qu’humains.
Visuel : © Agnieska Polska, The Book of Flowers, 2023