Regarder l’humain à la Maison Caillebotte

Collectionner par l’émotion

Commencée dans les années 1970 par Sondra Gilman, la collection Gilman et Gonzalez-Falla est l’une des plus importantes au monde avec ses presque 1500 photographies. Chaque cliché a été choisi avec soin, privilégiant les épreuves vintage, mais également en suivant l’émotion qu’il provoque. Car chaque achat est le résultat d’une sélection conjointe de Sondra Gilman et Celso Gonzalez-Falla qui se base sur leur ressenti, la portée et ce que dégage la photographie. La renommée de l’artiste importe peu, même s’ils se sont avérés avoir un goût éclairé en matière de jeunes artistes contemporains, et la qualité de la photographie prime dans leur choix.

Si le couple est resté relativement discret, il a pourtant fait partie du comité d’acquisition des photographies du Whitney museum de New York et du conseil administratif de nombreuses fondations soutenant artistes et photographes. Leur proximité avec le milieu artistique se ressent d’ailleurs dans la salle d’ouverture de l’exposition, notamment dans la série de polaroïds de Sondra Gilman par Warhol. Par les portraits des collectionneurs, nous accédons à une sélection de 140 clichés centrés autour de l’humain. Les photographes sont majoritairement d’Amérique du Nord et du Sud et d’Europe et nous amènent à une réflexion sur la condition humaine de par le monde.

Le parcours thématique nous fait découvrir une multitude de regards : ceux des photographes, ceux de leurs modèles, anonymes ou célèbres, et ceux des collectionneurs. Du XIXème siècle à aujourd’hui, les grands noms de la photographie s’égrènent : Robert Mapplethorpe, Diane Arbus, Graciela Iturbide, Henri Cartier-Bresson, Sebastiao Salgado, Garry Winogrand, André Kertész, Nan Goldin… la liste est longue et digne d’un cours d’histoire de la photographie. L’enfance, l’Amérique, la solitude, les freaks ou encore le quotidien de la rue, chacun de ces thèmes est l’occasion de créer des rapprochements photographiques, tant dans le thème que dans la composition de l’image.

Un domaine impressionniste à découvrir

Pour compléter votre visite, l’Orangerie de la Maison Caillebotte accueille Béatrice Helg et ses photographies abstraites. L’artiste compose ses décors, ses scènes d’or et d’argent pour ensuite les faire vivre sous la lumière et les photographier. Trois séries sont présentées ici dont une inédite, Natura, qui intègre des branches tortueuses dans ses compositions métalliques et géométriques.

L’Orangerie se situe dans le parc de la Maison Caillebotte, à quelques minutes de la maison elle-même, et se retrouve, comme de nombreuses vues du parc, dans les tableaux de Gustave Caillebotte. Le parc, traversé par une rivière sur laquelle on peut faire de la barque et parsemé de petits édifices construits par la famille, est ouvert au public en accès libre toute l’année. Le potager souvent peint par caillebotte est préservé dans son état d’origine, et des sculptures contemporaines ponctuent la promenade. La maison de la famille Caillebotte se visite également, meublée comme à l’époque du peintre, à la fin du XIXème siècle. Dans son atelier aménagé en salle d’exposition, on peut admirer jusqu’au 30 juin des toiles de Caillebotte et de Monet, pour conclure la visite sur une note impressionniste lumineuse.

A 20 minutes de la gare de Lyon par le RER, la Maison Caillebotte offre une plongée bucolique dans l’impressionnisme grandeur nature, et prolonge par ses expositions contemporaines une histoire créative.