Pleins feux sur la peintre brésilienne Tarsila do Amaral au Musée du Luxembourg

par Yaël Hirsch
09.10.2024

Le musée du Luxembourg rassemble 150 œuvres de l’égérie du modernisme brésilien, Tarsila do Amaral, et dresse le portrait d’une créatrice qui se réinvente sans cesse entre la France et le Brésil. Une exposition qui ira ensuite du Guggenheim de Bilbao.

Une Brésilienne en manteau Poiray

Arrivée en France dans les années folles, la Brésilienne se fait remarquer aux premières dans son manteau rouge Poiray. Il n’empêche : elle prend des cours chez les plus grands artistes français et la première salle démontre ses talents académiques et révèle un passage par le cubisme flamboyant.

L’anthropophagie de Tarsila

Souvent entre la France et le Brésil avant de s’installer définitivement dans son pays, où elle exerce des fonctions curatoriales, l’artiste trouve son style dans un primitivisme coloré proche du Douanier Rousseau. Ses paysages et ses fables faussement naïfs et vraiment colorés accrochent la lumière et l’œil et quand elle développe une faune imaginaire vrombissante sous les palmiers, Tarsila est simplement irrésistible. Et il est passionnant de voir envie à vis des toiles, les dessins minutieux et plus sombres ( notamment sur la féminité) de la fondatrice du mouvement « anthropophage »…

Peindre le Brésil « moderne »

Mais la salle le plus éblouissante de cette riche exposition est celle dédiée au travail de la peintre sur les ouvriers. La grande fresque « Operarios » (1933) fait évidemment écho au travail de Léger ou de Riviera. Mais l’on est également marqué par le métissage des portraits du peuple brésilien. Il faut dire que la toile « A Negra », peinte au milieu du feu des « roaring twenties » colorés dix ans plus tôt, posait déjà cette question identitaire et politique. Et très touchants, deux nus qui renouent avec la période plus académique ouvrent la voie vers une dernière salle plus minimaliste où le panorama de la ville moderne trône dans des dégradés de bleu.
Le Musée du Luxembourg permet donc de découvrir une œuvre, au sens le plus fort et complet du terme, dont on ne peut pas ne pas apprécier les couleurs et qui exprime aussi certains points aveugles de son temps.