« Orbis Tertius », la magie d’AlUla s’empare de Paris

Le sable

La terre, la terre, la terre semble être le mantra qui réunit les résident·e·s du programme. La barque rouge en béton du Brésilien Marlon de Azambuja est une invitation au voyage, un voyage au cœur des matières. Le sable est un support aux mots dans l’oasis du Saoudien Mohammad AI Faraj. Son installation, The Date, Fruit of Knowlege donne une direction au regard comme un mirage qui va d’un palmier à des peintures à l’ocre. On y entend des voix désespérées. Sommes-nous perdu·e·s ? Pour retrouver notre chemin, il faut monter et se demander si, sous les pavés, nous pouvons trouver non pas une plage, mais des racines. C’est cela que raconte l’installation très impressionnante de la Syrienne Talin Hazbar, Earth Reading. 

La beauté du minimal

Notre plus grand coup de cœur est une succession de petits riens signés de la Française Sara Favriau. Elle punaise sur les murs blancs l’essence de la Provence. Petit escargot blanc, branche de genévrier, pin d’Alep… À voir ces petites natures mortes accrochées comme dans l’atelier d’un entomologiste, l’odeur de la Méditerranée nous monte au nez. Ces éléments si quotidiens autour de toutes ces rives deviennent dans ce travail des infimes et précieuses vanités.

l’IA aux commandes

Étonnamment, le monde de maintenant s’invite fortement dans cette belle exposition. Le mélange d’aluminium et de virtualité donne au désert de Grégory Chatonsky, une allure de trip psychédélique. Son Dream of Stones, ses vidéos nous emmènent dans un désert façon 70’s. Le Saoudien Ayman Zedani superpose, dans The Desert Keepers, un diaporama de photographies de plantes avec des images de synthèse. Avec lui, nous entrons carrément dans un cosmos fantasmé. Les photos de Louis-Cyprien Rials, elles, assument. Le désert y apparaît ultra-réel dans ses formes et ses teintes, complètement retouchées par l’IA.

La beauté des mots 

Pour tisser le lien entre toutes les œuvres – une quarantaine en tout – il fallait poser des mots. Lors du vernissage, Johnny Rasse, Pauline Lorillard et Thomas Gonzalez ont offert un superbe pas de trois. Perché au balcon, Johnny transforme la verrière en volière. Il devient la bande-son organique au texte que se partagent ses complices Thomas et Pauline, un récit entre-deux, entre errance et résolution, écrit et mis en scène par Laura Sellies et Bastien Gallet.

C’est une occasion magnifique de comprendre le travail de 20 artistes ayant été en résidence, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, sur le territoire de la ville oasis d’AlUla. Une très belle exposition donc, très bien orchestrée qui vous donnera sûrement très envie d’aller faire un tour loin là-bas pour vous retrouver et redéfinir votre désert personnel.