« Nu comme habillé. Delacroix et le vêtement » : une exposition pleine de délicatesse au Musée Delacroix
par Faustine Viallard14.01.2025
Le Musée Delacroix propose, jusqu’au 3 février, une exposition consacrée à la place du vêtement dans l’oeuvre du peintre Eugène Delacroix. Une visite qui offre un nouveau regard sur l’artiste et donne le temps de s’attacher aux détails de sa technique.
Prendre le temps
L’exposition « Nu comme habillé » rassemble, autour de trois salles thématiques, une série de tableaux peu connus de Delacroix, associés aux oeuvres d’autres peintres du XIXe siècle comme Henri Fantin-Latour, Léon Riesener ou encore Thales Fielding. Le visiteur est plongé au coeur de l’intimité du peintre, dans son dernier appartement de la place de Fustemberg, et se voit donner le temps de contempler chaque oeuvre, de redécouvrir Delacroix au-delà de ses fresques spectaculaires exposées au Musée du Louvre. Tout le processus créatif du peintre de la mythique Liberté guidant le peuple est par ailleurs visible au fil de l’exposition, qui ose montrer certaines peintures inachevées, dans lesquelles les visages sont encore flous et les traits de pinceaux grossiers. Bref, c’est Delacroix dans sa précision et sa diversité technique, dans son attention aux détails, et fort d’oeuvres diversifiées, de la peinture à la gravure, que l’exposition nous donne à voir.
Réflexions historiques
L’exposition est l’occasion d’entamer une réflexion plus profonde sur la place du vêtement au XIXe siècle, sur l’évolution des tenues des femmes comme de celles des hommes, et de ce que cela raconte d’un siècle aux bouleversements politiques, sociaux et économiques réguliers, et à l’impact fort sur notre présent. Entre autres, toute une salle est consacrée à l’idéalisation de l’« Orient » dans les oeuvres de Delacroix, et aiguise notre regard sur un imaginaire essentialisant imbriqué dans l’époque, et qui se perpétue encore aujourd’hui. Une analyse qui s’inscrit par ailleurs dans la pensée de Delacroix, dénigrant fortement la mode, et ayant pourtant toujours porté une attention particulière à la texture de l’habillement dans ses toiles. De ses mots : « Comment le sens du beau et du convenable ne serait-il pas perverti dans des sociétés où la mode règne despotiquement, où la forme d’un chapeau qui était divin il y a trois semaines est humble et abominable aujourd’hui ? » (Eugène Delacroix, Calepin sur le beau moderne, 1857).
Visuel : Eugène Delacroix, Homme posant en costume oriental, dit autrefois Portrait du chanteur Paul Barroilhet (détail) © GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Tony Querrec
« Interstices : Kate Barry et le paysage » au Carré Baudouin
par Georgia Velasco14.01.2025
Jonathan F. Kugel : « Le cabinet de curiosités est autant un portrait de son créateur qu’un miroir de notre époque »
par Amélie Blaustein-Niddam13.01.2025
