L’Histoire de l’art réévalue la mémoire et le travail de Nadia Khodossievitch-Léger (1904-1982), disciple, puis épouse et également cheffe d’atelier et clef de voûte de l’héritage de Fernand Léger. Dans un parcours superbement mis en scène, le Musée Maillol invite à entrer par la grande porte de l’Histoire dans l’œuvre de cette femme d’avant-garde.
« Ma tatare ». C’est ainsi que Fernand Léger appelait avec affection sa femme. Élève de Malevitch à Smolensk, puis passée par Varsovie, Nadia Khodossievitch passe par le suprématisme et arrive à Paris pour exercer son métier d’artiste. Exposée avec des élèves de Léger en 1926, elle rejoint les avant-gardes cubistes de Paris. Créatrice d’une œuvre riche et variée, à la fois engagée féministe, résistante, communiste. Portraitiste du parti, elle revient au cubisme dans ses dernières années…
Écrasée, donc par la figure monumentale de son mari dont a elle a supervisé les musées, l’héritage et l’atelier (où l’on voit passer de Staël aussi bien que que Hans Hartung), Nadia Léger a été longtemps oubliée. Après l’Annonciade de Saint-Tropez, le Musée Maillol s’empare de son œuvre pléthorique et la met en vis-à-vis de son mari et de ses contemporains, selon un angle historique et politique affirmé. Et c’est ainsi que l’on comprend que Nadia Léger a peut-être surtout pâti de la grande diversité de son travail. De fait, on a du mal à la suivre ! Parmi les 150 œuvres que réunit l’exposition, on l’adore portraitiste : ce sont peut-être dans ses portraits de combattantes (Danielle Casanova…) et ses autoportraits qu’on la préfère. Et sans soute également dans le duo amoureux et monumental qu’ils forment avec Fernand. Celui-ci la peint presque aussi bien qu’elle ne le fait elle-même !
Photos :
– Autoportrait à la plante, 1956, Huile sur toile Photo IMAV éditions © Sabam
– Fernand Léger, Sans titre [Nadia], 1953, Gouache et encre de Chine sur papier © Crédit photographique : Collection particulière. Photographe : Pierre-Yves Dhinault/Sabam
– Fernand et Nadia posent dans l’atelier de Roland Brice à Biot, 1955, Archives Diana Vashkevitch © Droits réservés