Du 28 novembre au 21 décembre 2024, la Galerie Hoang Beli est le théâtre d’une exposition audacieuse et étonnante. Sous la curation artistique de Wai Ming Lung, cette exposition réunit six artistes internationaux pour une réflexion philosophique et poétique autour de la matière minérale et de son essence profonde.
Après une première carrière de directeur artistique, Wai Ming Lung s’est lancé le défi il y a quelques années de développer une recherche artistique et une démarche de plasticien. Et c’est chemin faisant qu’il rencontre John Hoang, fondateur depuis un peu plus d’un année de la jeune galerie Hoang Beli, au cœur du Marais. Le dialogue s’installe, et rapidement émerge l’idée de construire une exposition collective.
Mais quand on est d’abord un artiste, et qu’on se consacre pour la première fois à un tel exercice, quel axe, quel angle choisir ? Wai Ming s’est alors naturellement tourné vers les fondements de sa démarche artistique : « Ça fait bien deux ou trois ans maintenant que je peins beaucoup sur l’architecture, le brutalisme, […] je suis obsédé par la pierre. […] Je voulais un lien fort, mais suffisamment large, quelque chose qui connecte l’élément bâtisseur avec l’individu. »
Ainsi, l’exposition MINERAL s’appuie au départ sur les récits ancestraux qui connectent l’humain à la pierre, qui révèlent une vérité universelle : le minéral est au cœur des grandes créations humaines. L’homme, dans son désir d’éternité, extrait, sculpte et transforme le minéral pour défier le temps et construire des architectures dédiées à ses aspirations spirituelles et intellectuelles.
Cette dualité entre l’éphémère et l’éternel se retrouve dans les œuvres présentées. De la cendre au béton, de l’albâtre à la pierre, MINERAL propose un dialogue d’une grande cohérence entre des médiums variés et des perspectives culturelles multiples.
Bien qu’issu d’une réflexion profonde et subtile, l’exposition MINERAL n’assomme pas le visiteur par une démarche discursive et complexe. On entre très rapidement dans le parcours proposé, qui s’impose très rapidement comme un véritable récit choral. « L’important pour moi, c’est que les œuvres discutent entre elles, qu’il y ait une interaction entre les artistes, que tout soit connecté. » insiste Wai Ming.
Et on entre directement dans le thème avec Ada, une artiste multidisciplinaire d’origine kazakhe qui réside à Paris depuis près de 15 ans. Sa série 62 R.M. (2023), réalisée en brique et en béton mêlés à l’alun de potasse, évoque des espaces transformés par le temps.
En réponse, Wing Chan, photographe et graphiste hongkongais, propose Urban-Graphis (2024), des photomontages déstructurant des éléments architecturaux pour créer des compositions visuelles dynamiques, réinterprétant ainsi la géométrie et les textures des paysages urbains.
On s’arrête également sur le travail de Mattia Listowski, un sculpteur et photographe français qui s’inspire de l’architecture pour concevoir des fragments en béton qui oscillent entre mémoire collective et introspection. Son œuvre Ville Mur (2022), interroge notre rapport au temps et à la ruine, et transforme le brutalisme en poésie silencieuse.
Proposé dans le parcours comme une bulle de respiration, le travail de la sculptrice japonaise Yukie Shirakawa, Le temps et la vie des formes – La mémoire des vagues (2022), traduit une alchimie entre stabilité et métamorphose à travers des formes organiques et sensuelles.
Mais bien entendu, Wai Ming Lung se devait d’insérer son propre travail dans cet espace collectif. Mais comment trouver sa juste place ? « J’ai fait mes œuvres en dernier. Je savais ce que je voulais faire […] et je l’ai affiné avec les textes. Ces derniers mois, je me suis beaucoup posé de questions sur le rôle de l’artiste […] sur la période, la politique, le monde dans lequel nous vivons. » nous révèle Wai Ming. Avec sa série Mont Hua (2024), mêlant carbone, béton et acrylique, il rend hommage à des paysages mythiques tout en réinventant leur matérialité sous la forme d’architectures fantasmées.
A travers cette thématique, la démarche curatoriale de Wai Ming Lung fait preuve d’une redoutable cohérence : « Pour moi, il s’agissait de créer un univers, pas une juxtaposition d’œuvres. […] J’ai contribué à tout, du catalogue aux textes en passant par la scénographie. »
Avec une scénographie pensée par John Hoang pour immerger le spectateur dans une expérience sensorielle et intellectuelle, MINERAL dépasse les limites de la simple matérialité pour interroger des thèmes universel qui ressurgissent à la faveur de cette rencontre inédite entre des artistes d’une grande diversité.
Alors, si vous comptez mettre à profit votre quality time de ce mois festif pour courir les galeries parisiennes, ne manquez pas ce petit bijou d’expo !
MINERAL, du 28 novembre au 21 décembre 2024 à la Galerie Hoang Beli, Paris 3e