L’expo Mark Rothko qui s’ouvre aujourd’hui à la Fondation Louis Vuitton était annoncée depuis plusieurs mois comme l’un des grands événements de la rentrée culturelle. Tient-elle toutes ses promesses ?
Remettre en équation une œuvre intemporelle
Tous ceux qui aiment parcourir les grands musées d’art moderne de la planète s’accorderont probablement sur ce point : la présence d’un ou plusieurs Rothko est toujours reçue comme un régal pour le regard, un moment précieux que l’on garde en mémoire.
C’est avec cette mémoire vive et vivante, gravée depuis la grande exposition rétrospective de 1999 au Musée d’Art Moderne de Paris, que nous nous sommes rendus hier à ce preview tant attendu. Et aussi avec une certaine appréhension : allions-nous sortir de là avec un sentiment de « déjà vu » ?
Mais il nous aura suffi de quelques pas dans ce nouveau sanctuaire Rothko pour être à nouveau abasourdis par la puissance de cette œuvre si singulière.
Même si le choix d’un parcours chronologique fait bien sûr écho à l’expo du MAM de Paris, c’est une véritable relecture qui nous est proposée.
115 œuvres qui questionnent et embrassent le monde
Intemporelle l’œuvre de Mark Rothko ? Sans aucun doute. C’est peut-être ce que cette exposition s’acharne à nous démontrer, en agrémentant la visite de citations de l’artiste, comme cette phrase qui dit presque tout : « Je suis devenu peintre car je voulais élever la peinture au même degré d’intensité que la musique et la poésie. »
Progressivement, au fil des 115 œuvres qui se dévoilent, on entend aussi une autre musique mentale… Celle d’une autre dimension, d’un autre espace-temps, auquelle on accède à travers des portiques qui s’ouvrent l’un après l’autre.
C’est là toute la magie de cette œuvre vertigineuse : des gestes infinis qui nous permettent d’échapper aux vicissitudes du monde, pour peut-être y revenir plus fort, un peu plus préparés à l’affronter.
Un regard plus intime
Le commissariat de Suzanne Pagé et Christopher Rothko ne s’inscrit pas uniquement dans le classicisme. Des pauses, des gros plans sur certains moments de vie viennent ponctuer le parcours, pour le rendre plus intime et nous permettre de nous approcher un peu plus près de l’ombre de Rothko, comme cette salle consacrée aux peintures du Seagram Building.
Si certaines salles risquent de vous couper le souffle, gardez tout de même un peu de votre capacité pulmonaire pour la dernière salle qui confronte la fameuse série des « Black and Grey » à de grandes figures d’Alberto Giacometti. Une déflagration.
Et prenons alors le pari que vous repartirez vous aussi enrichi d’une nouvelle case dans votre mémoire visuelle…
visuels :
1. Mark Rothko, Light Cloud, Dark Cloud, 1957
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko – Adagp, Paris, 2023
2. Mark Rothko, Black On Maroon, 1958
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko – Adagp, Paris, 2023
3. De gauche à droite : Mark Rothko Red on Maroon, 1959 Red on Maroon, 1959 Black on Maroon, 1959
Vue d’installation de l’exposition Mark Rothko, galerie 5,
niveau 1, salle Seagram Murals, exposition présentée du 18
octobre 2023 au 2 avril 2024 à la Fondation Louis Vuitton,
Paris.
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko – Adagp, Paris, 2023
4. De gauche à droite : Mark Rothko No. 13 (White, Red on Yellow), 1958 No. 9 / No. 5 / No. 18, 1952 Green on Blue (Earth-Green and White), 1956 Untitled, 1955
Vue d’installation de l’exposition Mark Rothko, galerie 4,
niveau 0, salle Les années 1950, exposition présentée du 18
octobre 2023 au 2 avril 2024 à la Fondation Louis Vuitton,
Paris.
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko – Adagp,
Paris, 2023
5. Au mur de gauche à droite : Mark Rothko Untitled, 1969 Untitled, 1969 Untitled, 1969 Au milieu de la salle : Alberto Giacometti L’Homme qui marche I, 1960 Grande Femme III, 1960
Vue d’installation de l’exposition Mark Rothko, galerie 10,
niveau 2, salle Black and Gray, Giacometti, exposition
présentée du 18 octobre 2023 au 2 avril 2024 à la Fondation
Louis Vuitton, Paris.
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko – Adagp,
Paris, 2023
6. Au mur de gauche à droite : Mark Rothko Untitled, 1969-1970 Untitled, 1969 Untitled, 1969 Untitled, 1969 Untitled, 1969 Au milieu de la salle : Alberto Giacometti L’Homme qui marche I, 1960 Grande Femme III, 1960
Vue d’installation de l’exposition Mark Rothko, galerie 10,
niveau 2, salle Black and Gray, Giacometti, exposition
présentée du 18 octobre 2023 au 2 avril 2024 à la Fondation
Louis Vuitton, Paris.
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko – Adagp,
Paris, 2023