Alors que le Président du Centre Pompidou, Laurent Lebon vient de révéler l’avenir du Centre Pompidou qui va fermer de 2025 à 2030 pour travaux, jusqu’au 12 juin, le musée d’art contemporain dédie une première rétrospective à la sculpture de Germaine Richier, révélant une grande angoissée spirituelle.
Germaine Richier a été la première femme sculptrice exposée au Musée d’Art Moderne en 1956. Provençale venue à Paris dans les années 1920 pour travailler avec Antoine Bourdelle, elle est assez vite reconnue et ses sculptures en bronze ou en plomb se déclinent souvent en plusieurs tailles, le compas et le pantographe étant ses outils de prédilection.
Selon une scénographie assez majestueuse et aérée, qui met l’accent sur le vide et les lignes, plutôt que sur la matière pour laquelle Germain Richier est connue, cette grande rétrospective de plus de 200 oeuvres dont pas mal d’autoportraits et de gravures met en perspective l’art de Germaine Richier dans sa trajectoire et dans son siècle. Partageant avec Rodin le modèle du Balzac, Libero Nardone pour son très célèbre Ouragan (1949), elle convie les éléments à impacter la matière et crée l’équilibre de ses sculptures par une série de lignes d’une très grande force. Rodin, Maillol, mais aussi Giacometti sont là et il paraît que ce dernier aurait dit à Aimé Maeght que c’était « Germain Richier ou lui » en rétrospective à la Fondation ce qui exprime bien l’importance de l’œuvre de la sculptrice.
Fascinée par les animaux de sa Provence natale, Germaine Richier hybride les matières (le papillon et les chevaux à 6 têtes s’étirent dans du coton, les socles sont de hauteurs diverses et parfois en bois) et les formes pour nous présenter des insectes à la fois puissants, menaçants, mais aussi caressants, à l’image de la « Mante » de 1946 qui une fois gravée a la figure de l’artiste cajolant un hibou ayant … la figure de son mari, Otto Bänninger. Mais, alors que nous avons la chance de visiter l’atelier Richier au cœur de l’exposition, les outils de la Camargue et le fin squelette de la chauve souris semblent transmués en reliques dorées dans ses scultpures.
Déplacé pour l’occasion le somptueux Christ de l’église du plateau d’Assy en Haute-Savoie, qui avait fait scandale à l’époque, exprime pleinement la profonde spiritualité qui anime cette catholique convaincue. Et une grande angoissée : « Ma nature ne me permet pas le calme. On est comme on est. Et l’âge ne me rend pas douce et sereine. Non pas que je bataille, mais c’est en moi. Avec moi. Plus je vais, plus je suis certaine que seul l’humain compte et qu’il y a très peu de vérité dans notre vie ».
Parmi les dernières oeuvres, le plomb et le verre donnent l’impression d’avoir face à soi des vitraux sacrés. Et la couleur nait sur le grand échiquier qui vient clore ce cycle passionnant où l’on redécouvre une artiste en recherche et qui marque une étape indispensable dans la sculpture du 20e siècle.
Visuel (c) Germaine Richier dans son atelier parisien, photographiée par la cinéaste Agnès Varda, mars 1956 © Adagp, Paris, 2022, © Succession Agnès Varda
Centre Pompidou, Place Georges Pompidou, 75004 Paris, ouverts tljs sauf mardi 11h-21h. Nocturne le jeudi jusqu’à 23h, 14-17 euros, Réservations.