Plus qu’une rencontre fortuite, cette année, avec les Jeux, le sport s’invite de toutes parts ; de nos postes de télévision jusque la culture. En ce sens, deux parcours culturels et sportifs sont actuellement proposés, par Paris Musées, accessibles aux plus de 14 ans sur réservation, aux dates des 21 juillet, 24 et 25 août pour celui du centre-ville et 20 juillet pour celui du Sud auquel Cult s’est rendu.
Rendez-vous, 10h30, au musée de la Libération avec Julie Pelloile, coach sportive certifiée, anciennement éditrice pour Nathan. Vous serez d’abord conduits par ses soins, dans un abri de défense passive, humide, à la température de 16 degrés toute l’année. Initialement prévu comme sous-sol d’accueil de l’administration parisienne en cas d’offensive au gaz, c’est finalement depuis ce dernier, « depuis les profondeurs de Denfert-Rochereau qu’a été coordonnée l’insurrection libératrice d’août 1944 » par le colonel Rol, chef des Forces Françaises Intérieures – ce que rappelle Gilles Thomas, historien, spécialiste de ces refuges oubliés de la Seconde Guerre mondiale.
Sans vous en apercevoir, vous aurez descendu et monté une centaine de marches tout en ayant éprouvé ce sentiment particulier de faire un tant soit peu partie de cet entre-soi, de ce microcosme des « cataphiles » d’antan, parmi lesquels Balzac et Dumas.
Tout vous semblera avoir une importance symbolique lors de ces premiers pas. Vous parlerez de résistance, de grands hommes, tel Aristide Denfert-Rochereau, commandant lors de la guerre franco-prussienne de 1870. Vous vous arrêterez devant une statue, celle du Lion de Belfort. Un lion « très comme il faut » qui « fait plaisir à voir » écrivait Jacques Charpeantreau dans un poème qui lui était dédié. Allégorie anhistorique, lion aristidien, « image du devoir, c’est un lion sans histoires ».
Arrêt dans un parc, sans nom, au « nom inconnu » nous dit notre guide et avant tout, aussi, coach. Il est précisément question d’éveil musculaire. Aucun rechignement possible après avoir été témoin de ce passé si particulier : posture travaillée, appuis solides, vous suivrez le mouvement, les mouvements du groupe. Et tout se fera tranquillement.
Rapidement, le temps presse. Il faut reprendre la marche. Direction la rue d’Assas dans le 6ème arrondissement et le musée Zadkine, du nom du sculpteur Ossip – ou « Prax-Zadkine » comme elle aime à le rappeler, avec amertume. Valentine Prax, peintre, femme de Zadkine, ne dispose que d’un espace réduit au sein de ce musée, dont elle est pourtant l’instigatrice. Cette géographie sociale se fait, toujours, le témoin des rapports entre les femmes et les hommes ; une analyse que livre notamment Marion Tillous, enseignante-chercheuse, au sujet de la crise Covid et de nos foyers.
Après cette digression qui n’en est pas, vous reprendrez l’exercice – quelques squats – et le chemin vers le musée Bourdelle. En route, vous apercevrez l’académie de la Grande chaumière, du nom du bar qui lui est accolé. Tous les peintres-sculpteurs de renom s’y sont succédés : Zadkine lui-même, Antoine Bourdelle mais aussi Yves Brayer et Lucien Simon.
Finies les déambulations aux abords de la Tour Montparnasse, le vertige vous sera donné par la taille et la beauté des sculptures de Bourdelle. Vous vous pencherez sur l’étude d’Héraklès, son œuvre la plus connue, réalisée à partir du modèle d’un militaire ayant posé plusieurs dizaines d’heures. Mais vous aurez, sans doute, bien plus le cœur, à admirer la statue d’Adam, à l’entrée, le travail sur la musculature, la culpabilité que porte son visage penché, après la sanction du péché. Avec Adam, le jardin de Bourdelle devient paradis perdu ou celui d’Éden.
Visuel : Musée Bourdelle © Alan B.