Alors que la 60e Biennale internationale d’art de Venise ouvre ce samedi 20 avril et que les pavillons des Giardini et l’exposition de l’Arsenal seront accessibles jusqu’au 28 novembre (lire notre article), l’ouverture est l’occasion pour de nombreuses expositions et événements de vernir, avec, pour certaines, une durée moins longue que la biennale. Voici notre sélection « Cult ».
Pour lire notre article sur la 60e Biennale d’art, c’est ici.
Commençons donc par les événements qui se terminent dans les prochains jours. Sur la Giudecca, au Cipriani, ne manquez pas d’une part (jusqu’au 30 septembre) les installations de Daniel Buren avec la Galleria Continua, les vignes et la piscine olympique. Et d’autre part, l’observatoire proposé par JR en partenariat avec Belmond. Il s’agit de voir de ses propres yeux l’intérieur du wagon du Simplon-Orient-Express. C’est un wagon bleu, avec pour horizon la lagune et pour caisse de résonance le mythe. Et JR nous propose de grimper sur des échelles pour regarder, par des yeux de bœuf en forme de losange, les univers et les pièces du train qu’il a reconstitué. C’est beau, c’est élégant, ça se célèbre avec un cocktail Rossini sur la lagune jusqu’au 22 avril. Jusqu’au 22 avril également, le bateau-musée Art Explora a largué les amarres exactement entre les Giardini et l’Arsenal pour apporter ses artistes et la programmation culturelle de son Festival Art Explora au public. Ce week-end est dédié à l’océan en péril, avec notamment une performance itinérante dans Venise de Leonor Serrano Rivas et Diego Delas. La biennale était également l’occasion pour plusieurs galeries d’ouvrir leurs portes à Venise, notamment la galerie Negropontes qui s’est installée dans le Palazzo Masieri aménagé par Frank Lloyd Wright, puis par Roberta Bartolone et Giulio Mangano (si vous voulez aller la voir, il faut réserver). Et la galerie berlinoise Wentrup a inauguré son nouvel espace vénitien non loin de l’hôpital, dans un ancien atelier de mode qui ressemble à une serre.
En marge de la biennale, la galerie Daniel Templon propose jusqu’au 21 juillet, sous le titre Dog on the Forge, une rétrospective du peintre Jim Dine au Palazzo Rocca Contarini Corfù. Le musée Peggy Guggenheim rend hommage à Cocteau, Ca’ Pessaro propose la première rétrospective italienne de Roberto Matta. L’espace Louis Vuitton propose une exposition rimbaldienne d’Ernest Pignon-Ernest, intitulée Je est un autre. Quant à la Fondation Prada, elle met en avant une exposition provocatrice sur le passé de la ville de l’artiste suisse Christoph Büchel.
Les deux lieux de la collection Pinault sont également au rendez-vous avec 50 œuvres de la plasticienne américaine Julie Mehretu au Palazzo Grassi, et, plongée dans un noir post-apocalyptique, une grande exposition qui regroupe dix ans de travail de Pierre Huyghe, Liminal (titre d’une œuvre créée pour l’événement) à Punta della Dogana. Autre exposition qui fait le point : Selva d’Eva Jospin, qui reprend des éléments de ce que nous avons pu voir au musée de la Chasse et à Avignon, en les adaptant au cadre chaleureux et lettré du Museo Fortuny.
Parmi les expositions à ne pas manquer, il y a les deux propositions de l’Accademia (qui ouvre à 8 h 30 du matin en amont de tous les autres lieux d’art) : une exploration des années italiennes de Willem de Kooning, plongée en abstraction chaude, où on le découvre aussi sculpteur. Et également, un partenariat avec la collection Berggruen, où des œuvres de Picasso, Klee, Matisse et Giacometti dialoguent en vis-à-vis avec le œuvres de Tiepolo ou Giorgione du musée, une façon de redécouvrir les collections avec élégance, sous les signe des « affinités électives » imaginées par Goethe. Dans ce registre de dialogue entre les arts et avec les collections, le majestueux Museo Correr surplombant la place San Marco accueille le travail post-pop et plein de larmes de Francesco Vezzoli. Une exposition où la scénographie même semble dater de l’année de naissance de l’artiste, 1971, et qui est placée sous le commissariat de Donatien Grau. Enfin, alors que la biennale est riche de nombreux films, l’exposition Your Ghosts Are Mine au Palazzo Cavalli-Franchetti propose de revoir des films qui mettent en avant le désert et a toute une programmation cinéphile et plastique dans la librairie Morandi.
Notre regret est de n’avoir pas eu le temps de traverser le canal en vaporetto depuis San Marco pour rejoindre l’île de San Giorgio où la programmation est dingue : au Monastère, City of Refuge de Berlinde de Bruyckere, Alex Katz à la Fondation Cini et aux Stanze della Fotografia, Helmut Newton et Patrick Mimran.
Bon voyage à Venise !
Texte et visuel : © Yaël Hirsch & Laura Kosmenzof