Depuis le 1er juillet et ce jusqu’à l’automne, la Collection Lambert, musée d’art contemporain d’Avignon, accueille 5 nouvelles expositions d’artistes internationaux dont Pascale Marthine Tayou, Louise Lawler ou Eva Jospin. Tou.te.s prennent possession de l’espace qui les entoure pour emmener les spectateurs à la rencontre de lieux issus de leur imaginaire et de la réalité. Ils créent des environnements qui leur appartiennent tout en parlant de notre monde, grâce à ces installations monumentales, ces tableaux, ces sculptures de verre, de carton, ces installations sonores, etc.
Pascale Martine Tayou investit deux étages de la Collection Lambert pour proposer son exposition Petits Riens, constituée d’une vingtaine d’œuvres et installations, dont 12 produites exclusivement pour l’occasion. Les œuvres de l’artiste, originaire du Cameroun, sont impré-gnées de sa culture, de ses questionnements sur le monde, qu’il transmet grâce à des « Petits Riens » : ces objets qui parcourent notre quotidien sans que nous y prêtions forcément attention mais qui portent en eux toute une histoire.
A travers ses œuvres, Pascale Martine Tayou parle de notre société, de la mondialisation, de notre emprisonnement, du manque d’air pour respirer. « Les Petits Riens, c’est mon appel d’urgence face aux terreurs multiples qui me tordent les boyaux. », tels sont ses mots et ils en disent long sur son besoin ardant d’exprimer ce qu’il ressent et le vécu de son pays.
Dès l’entrée du musée, ses installations nous frappent par leur aspect menaçant : trois pieux tombent du plafond comme pour nous empaler, des pavés de pierre sont dispersés sur le mur, prêts à nous écraser. Se joint au danger quelque chose de plus joyeux, un point de respiration au milieu de la tempête : les objets sont tous recouverts de peinture colorée. Ces touches de couleurs sont la carte d’identité de l’artiste et ponctuent l’ensemble de ses œuvres.
Tout du long, Pascale Martine Tayou nous raconte une histoire : celle de son pays. Il nous guide dans l’espace par ses œuvres et ses « épices », comme il les appelle : des œuvres qui n’en sont pas vraiment, qui servent plutôt à créer du lien entre chaque pièce, des chaînes brisées qui unissent. Son installation Oxygen prend place dans une immense salle blanche dont la clarté aveugle ; un lieu où il n’y a rien, seulement ces branches qui tombent du ciel, des filaments auxquels sont accrochés des bouteilles de plastiques récoltées au Cameroun et décorées de tissus colorés.
Une exposition à découvrir jusqu’au 19 novembre prochain.
Avec son exposition Contre-Monde, Eva Jospin transforme deux lieux emblématiques d’Avignon : la Collection Lambert et le Palais des Papes en exposant des œuvres qui nous entrainent au plus profond de la forêt et dans des architectures enchantées. Au sein de la Collection, elle sème sur notre passage des sculptures, broderies, dessins et projections vidéos où l’on découvre un univers proche du fantastique. Les matériaux qu’elle utilise jouent sur ce dépaysement : le carton devient cette roche poreuse, la soie se fait liane et les dessins nous tirent vers des forêts où chaque détails comptent.
L’exposition de Louise Lawer, Grand Arles Express (Les Rencontres de la photographie, lire notre article), donne à voir pour la première fois réunies 21 photographies et 6 installations de l’artiste. Face à nous une immense mise en abyme : des photos d’œuvres d’art prises dans divers lieux dont la Collection Lambert. At a Time Like This représente d’ailleurs sous un angle nouveau l’immense pièce peinte par Sol Le Witt et observable quelques minutes plus tôt. Un réinvestissement de l’espace connu, une nouvelle manière de voir ce qui nous est donné à voir.
En continuant sa déambulation au sein de la Collection, l’exposition collective La peinture est morte, vive la peinture ! fait son apparition. Elle retrace un tournant majeur dans l’histoire de la peinture : celle des avants-gardes artistiques des années 1980. Plus on avance, plus les œuvres exposées tirent vers le minimalisme, questionnant toujours plus en profondeur les notions même de peinture et d’art. Qu’est-ce qui fait tableau ? Les deux monochromes de Robert Ryman résument bien cette questions puisqu’on y voit deux tableaux identiques aux titres différents : « Unfinished Painting » et « Finished painting ». Qui a raison ? Comment savoir ?
On termine sur une dernière petite exposition, Arles Nacht Vincent, présentant dans une vaste pièce quatre des œuvres de Sean Scully léguées par l’artiste lui-même à la Collection Lambert. Un dernier éclat de peinture aux couleurs multiples.
Visuel : Pascale Marthine Tayou Colorful Stones, 2019 – Blocs de granit et peinture spray- Courtesy of the artist and GALLERIA CONTINUA © ADAGP, Paris, 2023