L’éruption des émotions

Le volcan, une métaphore pour notre époque

Le volcan résonne avec force avec notre époque. En symbolisant autant l’effondrement que la renaissance, il allie une esthétique brute à une puissance imprévisible. Chaque éruption bouleverse nos certitudes, rappelant que la Terre reste une entité vivante et dynamique.

C’est bien tout le propos de Rire sur un Volcan, qui révèle le potentiel narratif du volcan comme une allégorie des enjeux environnementaux contemporains et de l’impact humain.

Les commissaires de l’exposition, Clara Darrason, Alice Loumeau et Valentin Bansac , accompagnés d’Andy Rankin et Mahsan Shams, ont orchestré une scénographie où artistes et matériaux dialoguent. Leurs choix révèlent une sensibilité à la poésie des éléments, et pose des questions inquiètes sur l’écologie et la temporalité.

Les voix de la Terre

L’exposition met en avant une exploration poétique des matériaux et des paysages minéraux.

À commencer par l’œuvre sonore Pseudo-Volcanic Voices de Ludwig Berger, qui embrasse tout l’espace d’exposition avec des captures de murmures de volcans de boue en Sicile, les transformant en une symphonie unique, où chaque éruption devient une voix métaphorique.

Cécile Beau, Si muove, 2021. Courtesy de l’artiste

Cécile Beau transcende le temps avec Si Muove, un mobile créé à partir de stalactites formées par des décennies d’érosion. La lenteur de leur mouvement évoque l’interaction subtile entre l’échelle humaine et celle de la géologie.

Fanny Béguély fusionne science et spiritualité dans Arba, Dâk Arba, une installation qui rend tangible l’invisible à travers des rituels photographiques et sonores.

Quant à Nelson Pernisco, il nous plonge au cœur d’un volcan sicilien avec In this place lived a fire, capturant ainsi l’énergie brute et lumineuse du soufre en éruption.

La danse des matériaux

La matière, à la fois fragile et intemporelle, est au centre de cette exploration artistique.

Dans Résonarium, Charlotte Charbonnel anime des particules de limaille, simulant une danse presque organique qui interroge la frontière entre le vivant et l’inanimé.

Avec The Lava Field, Andrew Erdos et Shawn Murrey repoussent les frontières entre nature et industrie, fusionnant verre soufflé et céramique pour créer des textures évoquant des débris naturels.

De son côté, Julia Gault, dans Aléas, offre une empreinte monumentale des parois d’une ancienne mine, capturant ainsi les traces laissées par les gestes humains au fil du temps.

Entre mythes et sciences

Le dialogue entre l’imaginaire et la rationalité trouve un écho dans plusieurs œuvres de l’exposition.

Météorite de Clara Imbert présente une réplique en suspension de la météorite Orgueil, symbolisant un pont entre les origines de la vie et la technologie future.

De son côté, Diana Vidrascu explore les rêves d’un lac posé sur un volcan endormi avec Volcano: What Does a Lake Dream?, transformant le documentaire en une poésie visuelle et sonore.

L’art comme espace de résilience

L’exposition nous invite à réfléchir sur notre capacité à nous adapter face à l’imprévisible.

Dans Blaze, Wand, Rod et Cairn, Sabine Mirlesse installe des balises au sommet du Puy-de-Dôme, transformant le paysage en un territoire guidé par les éléments.

Avec Impronta di giovane donna, Wiktoria fait écho à la fossilisation provoquée par le Vésuve, une métaphore puissante du cycle vie-disparition-renouveau.

Enfin, Naturales Historiae de Pauline Julier mêle documentaire et mythe, nous confrontant à une nature insaisissable qui ne cesse de se transformer.

Rire sur un Volcan est une expérience immersive qui pousse à redécouvrir notre relation à la Terre. En conjuguant science, art et poésie, l’exposition transcende le discours environnemental pour nous inviter à une réflexion sensible et engagée. Une métaphore visuelle et sonore de la résilience humaine face à l’immensité des éléments.