Pour sa deuxième édition de son festival photo dédié aux métamorphoses de l’image, le Jeu de Paume propose à ses visiteur.euses une déambulation dans des représentations d’environnements naturels. Au travers une médiation immersive et interactive qui mêle photos, projections et expériences sonores, souvent accompagnées de textes ou phrases qui poursuivent les histoires rattachées à ces œuvres, nous devenons part intégrante de ces paysages et de leurs mouvements.
La médiation est d’une qualité et d’une exactitude passionnante : pour la première partie de l’exposition, des filtres teintés sont placés sur les fenêtres pour nous immerger dans une ambiance sombre à l’image de la noirceur des feux de forêts capturés par Julian Charrière.
Les différents supports subliment et accentuent le propos de cette exposition : tulles sur lesquelles sont projetées des images, son provenant d’au-dessus du banc auquel fait face une autre projection, rideaux noirs entre les salles qui cachent la suite…
Le parcours est clairement initiatique, laissant les publics avancer progressivement au travers d’œuvres défendant des sujets divers qui se répondent et se complètent.
Plusieurs sujets, histoires et problématiques traversent cette exposition, avec un horizon d’attente commun : la réflexion et la responsabilisation des individus quant aux problèmes modernes et collectifs.
Les défis environnementaux sont majeurs : Julian Charrière sous-tend la question du réchauffement climatique et du consumérisme qui détruit la nature (ce qui se manifeste notamment dans ses clichés de palmiers diffusant une inquiétude sombre), tandis que Laila Hida, à travers une projection, met en perspective l’acte de voyage et de tourisme dans une logique de capitalisme et de surconsommation des paysages et pays perçus comme des destinations exotiques.
Un regard particulier est porté sur les questions migratoires et sur ces territoires de passage marqués de frontières et de conflits. Mathieu Pernot, dont certains fragments de son travail sont exposés, a rassemblé ces réflexions dans L’Atlas en mouvement, qu’il est possible de consulter sur places.
L’installation propose également d’autres axes de réflexion, notamment concernant une éventuelle redéfinition de notre relation avec les mythes et les récits imaginaires qui façonnent notre perception des paysages et de la nature.
Au-delà d’être immersif grâce aux outils de médiation et à l’agencement des œuvres, un soin particulier a été accordé aux phrases qui s’adressent aux visiteur.euses :
Nous devenons le paysage et nous sommes le mouvement. Nous participons aux paysages autant qu’ils participent en nous. Ces phrases closent la visite et laissent nos regards se perdre dans le jardin des Tuileries et vers la tour Eiffel, tout en nous proposant de manière indicible de poursuivre cette réflexion de contemplation et de responsabilisation de notre rapport à la nature et à ses paysages.
Plongez dans cette exposition qui propose de nombreux événements jusqu’au 23 mars !
visuel : ©Camille Zingraff