Le début des festivités pour les 50 ans du CAPC

Cette année, le CAPC fête ses cinquante ans. Fondé en 1973, le CAPC est l’une des plus anciennes institutions françaises dédiées à l’art contemporain. Aujourd’hui à la fois musée et centre d’art, le bâtiment, appelé Entrepôt Lainé, a été construit en 1824 comme stock pour les denrées coloniales sous douane. En lien direct avec la Garonne pour faciliter le commerce fluvial, les sous-sols sont aussi conçus pour absorber les marées du fleuve, transformant le bâtiment en navire. Un temps menacé de démolition, il a ensuite été acheté par la ville de Bordeaux et classé à l’inventaire des monuments historiques en 1973.

C’est en 1980 que l’espace monumental de la grande nef est mis à la disposition d’un artiste pour la première fois. Nombreux sont ceux qui se sont prêtés à l’exercice aussi grandiose que périlleux d’occuper un tel lieu : Claude Viallat fut le premier, et ont suivi des artistes tels que Daniel Buren, Richard Serra, Annette Messager ou encore Sarkis. Aujourd’hui, c’est au tour de Kapwani Kiwanga, invitée d’honneur de cette année anniversaire, de se confronter à l’immensité de la nef.

la démarche artistique de Kapwani Kiwanga résonne avec la volonté du CAPC de penser son histoire à rebours, de relire le passé à la lumière du présent. L’artiste se base sur la recherche et sur l’étude des structures culturelles, ainsi que sur les multiples possibilités d’interprétation de l’Histoire. A cette occasion, elle s’est documentée sur la double histoire du bâtiment, en tant qu’entrepôt et en tant que lieu d’expérimentations artistiques. Elle s’inscrit dans la lignée des grandes installations dans la nef tout en allant rechercher ce qui se cache derrière la monumentalité.

Retenue, son installation, est un geste à la fois déterminé et fragile. Elle transforme la totalité de l’espace en un paysage de formes abstraites mouvantes à l’aide uniquement de cordages bleu indigo assemblés sous forme de rideaux suspendus aux voûtes. Tressés par une corderie artisanale qui utilise les mêmes outils de production depuis le XVIIIème siècle, les cordages ont différents diamètres et composent les rideaux selon des rythmes uniques, créant ainsi une vibration et des densités de couleur variables. Les transparences et les superpositions fluctuent et se multiplient au gré de la déambulation du visiteur, plongé dans une atmosphère comme poudrée d’un bleu profond.

Kapwani Kiwanga a choisi la matière première de son installation en référence aux marchandises qui circulaient dans l’entrepôt. Elle a également choisi de rétablir le lien du bâtiment au fleuve en créant deux incisions dans le sol et en faisant couler de l’eau le long de deux des rideaux vers les sous-sols. Le bruit des gouttes est amplifié, renforçant ainsi l’ambiance irréelle qui nous enveloppe. Par son geste léger et délicat, l’artiste nous invite à ralentir, nos sens aux aguets à l’affût des infimes variations de cet univers indigo.

A l’occasion de votre visite au CAPC, ne manquez pas ses nombreuses autres expositions. Parmi elles, notons la première rétrospective de l’artiste bordelais Jean Sabrier, disparu en 2020, qui en 50 ans de carrière a expérimenté de façon ludique autour des questions du regard du spectateur, du sens de l’art et du métier d’artiste. Dans la galerie du RDC, l’exposition collective Antéfutur s’interroge, à partir d’une majorité d’œuvres produites après le début de la pandémie de Covid-19, sur la possibilité de voir l’avenir autrement que par le prisme de la catastrophe. Enfin, Amour systémique propose un deuxième récit de collection au travers du motif de la grille, accompagné par l’artiste Sung Tieu, invitée à créer un dialogue entre son travail et les œuvres de la collection. Et surtout, réservez votre weekend du 23 et 24 septembre pour les festivités du cinquantième anniversaire !