La photographe Misia-O’ à la galerie Joseph

Femmes photographes

Nous avions découvert Misia-O’ l’an dernier à l’Orangerie du Sénat où elle rendait hommage, avec sa série intitulée The Spirit of Lee Miller, à une des assistantes de Man Ray, immortalisée par Cocteau dans son film Le Sang d’un poète (1930). Formée au RCA, Misia-O’ s’est sentie missionnée pour défendre la cause des femmes et celle des arts visuels et de ceux qu’elle qualifie d’invisibles – comme celui aux composantes olfactives.

L’art des parfums était déjà au programme des futuristes italiens puisque, dès 1913, Carlo Carrà, sous influence baudelairienne, avait publié un manifeste intitulé « La peinture des sons, bruits et odeurs ». La présentation par Misia-O’ d’échantillons de différentes compositions a été en soi une véritable « performance ». La jeune femme les a commentés avec brio et a recueilli les impressions de l’assistance. Ces réactions subjectives ont permis de caractériser les différents jus proposés comme dans un test de consommateurs. L’événement étant à double sens : exposition d’art et show case.

Splendeur des courtisanes

Pour ce qui est de la photo, Misia-O’ s’est inspirée d’un personnage de légende, en l’occurrence la courtisane chinoise de la fin de la dynastie Ming : Chen Yuan Yuan qui, par sa beauté, son talent et la pratique des arts (de la musique, du chant, de la danse, de la poésie, de la peinture et de la calligraphie) put échapper à sa destinée de prostituée et s’émanciper, il y a plus de trois siècles de cela.

Les images, en format 6 x 6, sont suggestives, les unes érotiques, les autres quasiment abstraites, macro-photographiques, sur imprimées. Leur noir et blanc est  nuancé, qui offre une gamme de gris inédite jusqu’ici chez cette artiste. Il faut dire que les tirages sont admirables, au format le plus juste. Ils ont été exécutés à Arles par l’atelier SHL du Coréen Sunghee Lee.