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« La musique des couleurs » : l’accord parfait d’Harriet Backer au Musée d’Orsay

par Theo Guigui-Servouze
05.01.2025
Harriet Backer Baptême dans l’église de Tanum, 1892

Depuis le 29 septembre 2024 et jusqu’au 12 janvier de cette nouvelle année se tient au Musée d’Orsay la première rétrospective de l’œuvre de la plus grande peintre norvégienne de la fin du XIXè siècle : Harriet Backer (1845 – 1932), dans l’exposition « La musique des couleurs ». Une partition douce et intense où poésie et progressisme font scintiller l’accord parfait

Harriet Backer gagne à être connue !

Ce nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, au sein des frontières de son pays, elle est connue de toutes et tous. Le Musée d’Orsay prend les devants pour faire briller l’artiste au-delà de sa Norvège natale. Une démarche qui coïncide avec celle de l’artiste, qui a traversé l’Europe pour se former, pour apprendre, pour rencontrer ses pairs et enseigner aussi ! L’exposition montre le travail d’une grande peintre. Elle fait place, dans un espace façonné à la sensibilité de l’artiste, à son travail subtil et perméable aux mouvements du monde et des âmes, un travail de peinture qui met à l’honneur la musique certes, mais aussi la lumière. Depuis le piano, élément d’expression et de convergence dans la famille Backer, découle chez Harriet Backer un regard pictural unique et voué au partage.

Aussi, parce que cela devait être fait et parce que seule une femme, en ces temps, avait compris l’importance de donner à voir ce qui, pour « le monde », n’avait pas d’intérêt : la vie à l’intérieur, « domestique »… L’intérieur : cet endroit « dévolu aux femmes » – peu importe leur classe sociale. Elle a, bien sûr, aussi imprimé sa vision singulière sur les paysages en plein-air. Mais, la musique intimiste de ses intérieurs, par les traits, les coups de pinceau d’Harriet, est aussi vibrante que le vacarme de « ce monde qui compte, dehors », aux mains des hommes. Elle a maîtrisé l’art d’encapsuler, de modeler la lumière. Sans lumière pas de couleurs, pas de musique, pas de vie.

Harriet Backer (1845-1932)Mon atelier [Mitt atelier] 1918 Huile sur toile, 76 × 93 cm Bergen, Kode Bergen Art Museum © Kode / Dag Fosse

Harriet Backer 
Mon atelier, 1918 – Huile sur toile, 76 × 93 cm
Bergen, Kode Bergen Art Museum
© Kode / Dag Fosse

Un style mouvant au service d’une identité claire

Harriet Backer a produit une oeuvre identifiable et personnelle. Défenseuse feutrée du faire place aux femmes dans le monde de l’art, elle est la deuxième fille d’une sororité de quatre. Inga, sa soeur aînée, est une célèbre chanteuse, Agathe devient une pianiste et compositrice internationalement reconnue. Enfin, Margrethe suit ses traces en tant qu’artiste peintre. Curieuse et avide de voir, de rencontrer, de faire circuler son inspiration, au gré des maîtresses et maîtres de son temps, affutant son oeil, cet œil qui toujours envisage par le détail, le motif, autour desquels se répand ce qui l’habite, ce qu’elle souhaite montrer. Tel sera son point de mire, tout au long de sa carrière prolifique. Dès 1866, à travers les grandes capitales culturelles et d’avant-garde de l’époque, de Berlin à Munich aux côté d’Eilif Peterssen et Kitty Kielland, qui devient sa grande amie, elle s’entraîne, copie les grands anciens de la peinture hollandaise du XVIIè siècle. En 1877, le roi Oscar II achète sa toile : « Dans le quartier des domestiques », exposée à Munich puis à Kristiania (ancien nom d’Oslo).

 

Décennie parisienne, apprentissage et reconnaissance précoce

Avec Kitty Kielland elle s’installe pour dix ans à Paris où Léon Bonnat, Jean-Léon, Gérôme et Jules Bastien-Lepage sont ses professeurs au sein de l’exigeante académie réservée aux femmes de Mme de Prélat de Vigny. Elle expose à Paris où elle reçoit la médaille d’argent à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1889. En Norvège elle est gratifiée des mentions prestigieuses et la Galerie Nationale de Kristiania acquière ses oeuvres, notamment « Chez moi » (1889). Son travail réaliste, naturaliste même – résolument contemporain – enrichit son style. Ce n’est pas forcément ce qui frappe dans les premiers salons ovales de l’exposition. Enrichi, oui, mais jamais dénaturé ! Il y a dans la fluidité de ses phases picturales, une constance rassurante. L’impressionnisme, les séjours en Bretagne, ont infusé en elle sans altérer sa démarche initiale. L’intention avant le geste demeure intacte. La focale de l’artiste dans ses portraits, ses intérieurs, scènes de vie quotidienne – dans lesquels beaucoup de l’émotion ressentie est suspendue à la lumière qu’elle injecte pour souligner, flouter, plus encore, donner vie aux éléments et personnes – est élégante mais construite de linéaments solides qui propulsent la profondeur de la toile, la réflexion dans la composition.

Harriet Backer (1845-1932)À la lumière de la lampe [Lekselesing ved lampelys] 1890 Huile sur toile, 64,7 × 66,5 cm Bergen, Kode Bergen Art Museum © Kode / Dag Fosse

Harriet Backer 
À la lumière de la lampe, 1890 – Huile sur toile, 64,7 × 66,5 cm
Bergen, Kode Bergen Art Museum
© Kode / Dag Fosse

Joueuse de toutes les clartés

Elle dompte la lumière peu importe la palette dont elle use, là où celle-ci se pose : sur le rebord d’une tasse à thé, là où elle traverse un voilage, il se passe quelques chose. Délicatesse, subtilité… Des qualités « Ô combien féminines »,  jamais de maniérisme dans sa peinture. A mi-chemin entre le dehors et le dedans, campé devant sa toile « Au Musée de Cluny » (1885), assise sous une arche de pierre, une femme, entre confort et abandon fixe frontalement la lumière pénétrant la roche sculptée jusque dans ses tréfonds, détourant ses contours, sa toilette et ses atours. Comme immanente, la percée lumineuse déborde sur le cadre doré et précieux. On ne se demande pas qui est cette femme, on la détaille oui, mais dans cette quiétude représentée, la question qui affleure est plutôt : « Á quoi pense-t-elle ? », oui, elle est belle, mais avant tout, cette femme encadrée pense.

L’immersion est poussée par un dispositif scénographique qui, fidèle à son titre, engage l’ouïe, du piano de chambre accompagne la déambulation dans la suite de salons – dans l’espace-temps resserré mais jamais confiné que l’artiste s’est évertuée à mettre en couleurs : palette frappée, corde frappée. Ellipse temporelle et sensorielle garantie où la mélodie de la lumière révèle ce que chacune et chacun recherche, des intimités dialoguent entre regardeurs et toiles. Les assemblages de lueurs bigarrées mais domptées par la peintre, confèrent une sorte d’abstraction à son travail, qui aussi réaliste qu’il soit, plonge celui qui se laisse saisir dans les interstices cristallins de l’émotionnel humain, intimement. Elle ravive, pour remémorer un instant spécifique à quelqu’un. Elle embrume certains détails dans des composition, voilant un moment, des souvenir taraudants. C’est là sa maestria.

Kitty Kielland (1843-1914)Harriet Backer dans son atelier, Paris [Harriet Backer i atelieret, Paris], 1883 Huile sur toile 43 × 37 cm Lillehammer, Lillehammer Kunstmuseum © Lillehammer kunstmuseum / Jan Haug

Kitty Kielland (1843-1914) – Harriet Backer dans son atelier, Paris, 1883
Huile sur toile 43 × 37 cm
Lillehammer, Lillehammer Kunstmuseum
© Lillehammer kunstmuseum / Jan Haug

Génie de la nuance et engagement

Avec Kitty Kielland, grande paysagiste, elle lutte pour les droits des femmes norvégiennes dès 1889. Les deux femmes partagent leurs vies dans un logement-atelier. Revenue à Kristiania en 1888, elle fonde sa propre école de peinture mixte, elle y accueille de nombreux apprentis, jusqu’en 1909, année ou l’Académie Nationale d’Art ouvre ses portes aux femmes, comme aux hommes.

Elle poursuit son œuvre. Les salons de l’exposition aux papiers peints unis, tantôt doux tantôt francs, montrent son cercle familial et amical rapproché. Ils sont ses sujets de prédilection, ceux par lesquels elle imprime définitivement une patte, une loyauté naturelle. On dit d’elle qu’elle peignait « des pleins-air intérieurs », de part sa technique parfaite, jamais grandiloquente, de la dépose de la lumière, elle s’affranchit, elle et ses sujets, de ce qui reste à l’époque une assignation genrée, que les notions de « dedans/dehors » réaffirment. Aux représentations de son entourage, souvent rassemblé autour d’un piano, s’ajoutent des scènes rurales. Des femmes qui blanchissent le linge, là, interviennent des aplats marqués et vifs pour illustrer la nature environnante, et la dimension volontaire de l’artiste. Montrer c’est la première étape qui permet de faire exister concrètement, celles qui oeuvrent tant et que l’on ne voit que trop rarement.

Harriet Backer (1845-1932)La Ferme de Jonasberget [Jonasberget] 1892 Huile sur toile 69,7 × 100,2 cm Bergen, Kode Bergen Art Museum © Kode / Dag Fosse

Harriet Backer, La Ferme de Jonasberget, 1892
Huile sur toile
69,7 × 100,2 cm
Bergen, Kode Bergen Art Museum
© Kode / Dag Fosse

Ses peintures d’intérieurs d’églises, rassemblées en un salon particulier, sans nécessairement inviter au recueillement, font exploser dans une délicatesse extrême les nuances infinies que l’on perçoit lorsqu’on place un bout de vert brut dans la trajectoire d’un rayon de soleil, diffractant ainsi un arc-en-ciel, ici, au travers de vitraux… Harriet Backet a comme inventé les filtres Instagram, avant l’heure. Elle montre des femmes de condition modeste éclairées d’une simple lampe, lisant la nuit, une fois les tâches domestiques qui priment, accomplies. Les femmes, qui sont massivement présentes dans son œuvre. En sous couche-couche, on peut y voir, toujours avec la discrétion qui la caractérise, un militantisme doux, un engagement social et féministe, déployé en sous-teinte, mais bien présent. Une mise en lumière par l’art de « l’inutile », d’une réalité domestique commune aux femmes, toutes classes confondues. Elle s’est donnée pour mission de montrer, elle s’implique dans la lutte, à sa manière.

 

Parce que c’est beau, tout simplement

Allez admirer « Au piano » (1894), si l’humeur du jour est lavande ou encore « Nature morte avec plante en pot » (1912), dont le titre académique ne rend pas hommage à la vitalité qui émane de cette toile. La simplicité de ses intitulés en dit long sur l’humilité d’une femme qui est une grande maîtresse de la peinture, bien au-delà des frontières scandinaves. Découvrir ou se réconcilier avec la peinture classique… Une artiste qui a su faire résonner la lumière comme peu d’autre, Harriet Backer, tend la main, et invite à cela.

La sensation qui perdure, une fois le parcours des boudoirs terminé, se rapproche du sentiment réconfortant, chaleureux, qui point lorsque que l’on prend le temps de s’asseoir tout près de l’âtre. Un feu crépitant, éternel, le tournoiement vif en haut des flammes, à leur base, la froideur bleutée. Une sagacité des couleurs, la clameur discrète et lumineuse qu’offre Harriet Backer, est une véritable caresse.

Harriet Backer (1845-1932)Au piano [Ved pianoet] 1894 Huile sur toile 27,5 x 34,4 cm Oslo, National museum ©National Museum / Børre Høstland

Harriet Backer, Au piano, 1894
Huile sur toile
27,5 x 34,4 cm
Oslo, National museum
©National Museum / Børre Høstland

Musée d’Orsay, Esplanade Valéry Giscard d’Estaing, 75007 Paris

Exposition : Harriet Backer (1845-1932) – « La musique des couleurs »

24 septembre 2024 – 12 janvier 2025 – Espace d’exposition temporaire au niveau 0

 

Exposition initiée par le National Museum, Oslo et le Kode Bergen Art Museum, et organisée en collaboration avec le Nationalmuseum, Stockholm et le musée d’Orsay, Paris.

 

Commissariat :

Leïla Jarbouai, conservatrice en chef, arts graphiques et peintures, musée d’Orsay

Estelle Bégué, chargée d’études documentaires, musée d’Orsay

Vibeke Waallann Hansen, conservatrice au musée national d’Oslo

Tove Haugsbø, conservatrice senior au Kode Bergen Art Museum

Carina Rech, conservatrice au Nationalmuseum, Stockholm