Expositions

La cultissime Foire de la photo de Bièvres

par Nicolas Villodre
04.06.2024

La 60e édition de la Foire internationale de la Photo de Bièvres vient d’avoir lieu en ce printemps qui singe l’hiver. Les rares RER desservant le plateau de Saclay étaient remplis par les adeptes de l’art de Niépce, armés de réflex numériques, venus en couples ou en célibataires, portant beau sac à dos ou valise trolley.

Les cinglés de la photo

À l’instar du mouvement des ciné-clubs qui sont à l’origine de la cinéphilie des années vingt et des cinémathèques, au temps du parlant, l’activité des photo-clubs a joué un rôle important en France dès la fin du XIXe siècle. Celui de Paris, dérivé de la Société française de photographie, fut fondé en 1888 par Maurice Bucquet, photographe amateur et, par ailleurs, tireur de ball-trap ayant participé aux J.O. de 1900. On doit à Jean Fage et à son fils André la fondation, en 1949, du photo-club du Val-de-Bièvre et, en 1962, l’idée du Musée français de la photographie qui fut inauguré deux ans plus tard en même temps que la première foire de la photo.

À cette époque, nous précise le programme de cette édition, il n’était pas rare de croiser, dans les allées de la charmante cité, des photographes de renom tels que Marcel Ichac, Marcel Bovis, Paul Almasy, Jean Sibet ou Man Ray. On trouve ce grand photographe dadaïste puis surréaliste posant au côté de Jean Fage pour un cliché en noir et blanc pris la première année de la manifestation. Le musée étant en travaux, le photographe invité par la Foire a été l’artiste finlandais Pentti Sammallahti, dont l’œuvre a été présentée à la Grange aux Fraises et à la Maison des photographes et de l’image.

Stand by

Si nous n’avons pas retrouvé l’ambiance estivale de nos précédentes visites d’il y a près de quinze ans déjà, si nous n’avons pas pu assister ou faire l’acquisition d’un ou deux tirages anciens dans la vente aux enchères qui se tenait en même temps que la manifestation à l’autre bout de la ville, si nous avons écourté la visite et nous sommes contenté d’un casse-croûte au jambon faute de sandwich aux merguez comme au bon vieux temps, nous avons apprécié que l’événement soit maintenant précédé d’une demi-journée supplémentaire, le samedi après-midi, ce qui permet d’arpenter les allées en évitant la panique et la foule.

Il nous a semblé que les stands consacrés aux tirages et aux cartes postales étaient moins nombreux que par le passé. Idem pour les stands dédiés au cinématographe : à l’exception d’un ou deux présentant des lanternes magiques, les caméras et les bobines de films se sont fait rares. Tout se passe comme si, la nostalgie de l’analogique aidant, les conférences, les ouvrages traitant du daguerréotype et les appareils photo de tout genre et format étaient le seul rêve qui reste de nos jours à vendre, à acheter ou échanger.

Visuel : © Brigitte Hue