La Galerie d’art « Le bonheur est dans l’instant » nous invite jusqu’au 30 Novembre 2025 à l’exposition Hayet Aoudjhane, « Sur les traces d’Albert Camus ».
Hayet Aoudjhane est une artiste franco-algérienne qui vit et travaille à Paris. Son œuvre explore la lumière et l’absurde, des thèmes chers à Albert Camus. A travers la photographie, la peinture, le collage, la sculpture, elle effectue un travail de transformations multiples de la réalité. Son souhait est d’échanger avec le visiteur sur ses recherches : sur le sens des images, sur la démarche philosophique, métaphysique qui sous tend son œuvre. Elle illustre parfaitement l’objectif de la galerie de Xavier Gras d’être un « laboratoire » d’exposition.
Nous découvrons en premier les Tissages pour la vie qui représentent des nids d’oiseaux. Ils sont réalisés à partir de photographies et impliquent un re-travail sur papier de mûrier. Les nids sont inclus dans un cercle, au centre d’une grande toile peinte en bleu. Un bleu outremer, intense qui forme un écrin protecteur à ces nids, symboles de vie, de liens tissés. Hayet Aoudjhane est aussi une sculptrice. Elle expose une étrange sculpture, deux silhouettes en écorce d’arbre qui paraissent faire couple.
Ses peintures nous emmènent à Tipaza, un site archéologique romain, près d’Alger au bord de la mer. Ce site a inspiré le jeune Albert Camus dans « Noces à Tipaza », extrait de « Noces » publié en 1939. Elle y combine deux techniques, la peinture au pigment et les négatifs inversés, aboutissant à une cohabitation réussie entre figuratif et abstraction. Les tableaux n’ont pas de titre mais elle y associe une phrase de Camus extraite des Noces à Tipaza qui éclaire l’œuvre. Nous découvrons ainsi Tipaza au printemps, « lorsqu’il est habité par les dieux », la peinture donne au paysage un flou poétique. L’été à Tipaza est écrasé par la chaleur, la montagne est noire de soleil, le contraste du noir et d’un jaune éclatant est saisissant. Lorsque le crépuscule tombe sur Tipaza la terre et les arbres s’assombrissent malgré une lune gigantesque. La toile où l’on voit Tipaza la nuit est très réussie avec la beauté du bleu de la nuit et la chaleur des ruines éclairées par la pleine lune. Pour la Stèle commémorative de Camus à Tipaza, l’artiste a utilisés collage et négatifs inversés permettant un jeu d’inversion entre le noir et le blanc.
Hayet Aoudjhane : j’ai passé mon enfance et mon adolescence à Alger. C’était peu après l’indépendance. Mon père était algérien, ma mère française. Je suis arrivé en France à 20 ans. J’ai fait une licence d’Arts plastiques à la Sorbonne puis l’École du Louvre.
HA : Avec le pigment, il y a une certaine rapidité, on ressent comme une vibration. Il permet des superpositions, d’obtenir ainsi une certaine densité. L’acrylique est plus rude. Avec la peinture à l’huile le travail est plus lent, presque méditatif, mais j’y reviendrai sûrement.
HA : ils permettent une inversion de la réalité, ils renvoient à un réel que l’on ne connaît pas, au delà des images et des vérités communes. Dans le déferlement actuel d’images, cette technique est aussi un questionnement sur notre perception des images.
HA: je connaissais le site depuis l’enfance mais j’y suis retourné il y a quatre ans. Le lieu est magique, face à une mer qui s’étend à l’infini. Au soleil, les couleurs sont intenses, la montagne devient noire. Ce site est comme une traversée vers la mer, vers l’infini.
HA: ma double culture, ma double identité étaient sources de conflits intérieurs. J’ai découvert avec Camus, l’absurde, l’absence de sens en soi de l’existence. Cela a résonné en moi.
HA : oui, l’acte mais aussi la nature, le corps, le ressenti redonnent un sens. La création est aussi un acte de résistance face à l’absurde
HA : c’est la vibration que l’on ressent intérieurement face à l’œuvre. Elle est alors devenue expressive, et là elle est peut être achevée.
HA : le silence c’est le mystère des origines. Le chant c’est le vide qui ce remplit grâce à la poésie, grâce aux notes métaphysiques. Comme une voie, comme une voix vers la transcendance.
Visuel © : Hayet Aoudjhane Sur les traces d’Albert Camus
Hayet Aoudjhane « Sur les traces d’Albert Camus ». Galerie d’art : Le bonheur est dans l’instant, 72 rue Amelot 75011 Paris
Jusqu’au 30 novembre 2025, tous les jours de14 à 18h.
Vernissage le 22 Novembre à 18h
Notes poétiques ( concert) le 29 novembre à 18h30