D’où vient votre nom d’artiste « Scenocosme » ?
Avec Anaïs met den Ancxt, nous sommes un couple d’artistes dans la vie et dans le travail depuis 20 ans. Nous sommes complémentaires : j’ai un master en multimédia avec des compétences en électronique et en informatique et Anaïs a fait les Beaux-arts. Nous voulions un nom court, un nom qui mette en lumière la place du spectateur dans nos œuvres. Cette place du public est très présente dans notre création, notamment dans Light Contact.
Comment avez-vous commencé à travailler avec l’énergie électrostatique ?
Dans notre travail en général, nous utilisons des technologies délicates et sensibles qui permettent de percevoir et d’interagir avec ce qui émane du corps : la chaleur ou le souffle. Par exemple, nous avons pu travailler avec des plantes qui réagissent et créent un son en fonction de la manière dont on les touche. L’énergie électrostatique nous enveloppe, si bien qu’à chaque fois que nous pénétrons dans un espace, nous modifions l’environnement. Nous nous sommes focalisés sur cette énergie électrostatique pour la transformer en élément déclencheur dans nos œuvres.
Pouvez-vous nous expliquer comment cela fonctionne pour « Light Contact » ?
C’est une œuvre comportementale qui débute avec du hasard humain. Le premier pic électrostatique va déterminer une couleur, un son au hasard, parmi toute une gamme de sons et de couleurs. Dès lors, le public qui active l’œuvre va lui-même réagir. La couleur, par exemple, a un impact fort. Dans la couleur, il y a quelque chose qui est de l’ordre de l’extase. Cela est d’autant plus vrai en immersion dans un espace obscur : le rouge ou le vert ne créera pas la même émotion et tout dépend de la culture de la personne, de son ressenti. Ainsi, si la première réaction est liée au hasard humain, la suite évolue en interaction : musique et couleur évoluent en fonction de la qualité du toucher, du nombre de personnes qui interagissent. Avec un son qui se densifie jusqu’à créer un système de polyphonie. C’est pour cela qui nous parlons pour cette œuvre de « scénarios sonores ».
Le corps se fait donc collectif autour de votre œuvre ?
Beaucoup de nos œuvres rassemblent les spectateurs et les enjoignent à partager une expérience artistique performative. Aux scénarios musicaux correspondent des scénarios pour les corps : le son et la couleur vont générer des gestuelles et comportements différents. Certaines personnes vont se mettre à pianoter sur la peau de l’autre, d’autres auront des gestes plus délicats, proches de la caresse. Il est bien sûr intéressant d’expérimenter l’œuvre comme acteur ou actrice, mais c’est aussi passionnant d’observer de l’extérieur les émotions et les différentes relations qui se créent. Et en plus c’est agréable, parce que c’est une œuvre qui suscite des émotions plutôt positives, de surprise et de joie.
Où peut-on voir d’autres œuvres de Scenocosme en ce moment ?
Notre installation « Les forêts » est exposée au Château du domaine du Restinclières (Prades-le-Lez) jusqu’au 30 juin, « Forever » dans une exposition pensée par le commissaire Fabrice Bousteau au Domaine Vranken Pommery jusqu’au 30 septembre, et nous participons au Festival of the New European Bauhaus à Bruxelles, au Musée Royal d’Art & d’Histoire du 10 au 14 avril prochain… 10/04/2024- 13/04/2024
Pour lire notre article sur l’exposition Faisons Corps au MAIF Social Club, c’est ici.