« Faisons corps », les anatomies contraintes du MAIF Social Club

De façon ludique et très intelligente, nous entrons rapidement dans le vif du sujet en nous… asseyant. En voilà un geste que notre corps travaillant fait beaucoup, mais sur une assise très particulière, puisqu’elle est rebondissante. Le studio smarin nous invite à reproduire une chorégraphie de bureau qui, nous en sommes sûres, va devenir très virale !

Le MAIF Social Club n’est pas un musée, c’est un lieu de vie. On peut y déjeuner, y lire, y écrire. Le lieu est dans son éthique ouvert à tous les publics, des plus jeunes aux plus âgés. Tout est donc compressible à des niveaux de lecture multiples. Grâce à un jeu brillant de cache-cache, les installations se devinent avant de se découvrir.

Il y a ce trompe-l’œil fou, une sculpture ultraréaliste d’Élisabeth Daynès. Cette paléoartiste se passionne pour l’humain au sens squelette du terme. On se demande pourquoi ce garçon regarde à ce point fixement ce visage étrange qui ressemble à un hologramme futuriste venant des temps anciens. Tout simplement parce qu’il est une statue, non vivante, et que devant lui un crâne sapiens a retrouvé un regard du XXIe siècle et semble nous dire : « Tout ça pour ça ? »

Faisons corps pointe sérieusement les injonctions faites aux femmes. Myriam Mechita sépare les membres et dessine une immense contorsionniste sur talons aiguilles. C’est beau, mais où commence la douleur ?

Toutes les œuvres interrogent notre limite, nos limites. Que faire de ceux et celles qui débordent ou, au contraire, qui manquent ? L’un de nos immenses coups de cœur va sur un étrange duo amoureux, Burt et Hillary de Daisy Collingridge. Tous les deux semblent être sorti.e.s de Dune, mi-monstres, mi-doudous, terriblement sexy et drôles tout en étant super freak.  Les prothèses sublimes de Sophie de Oliveira Barata donnent envie de les porter comme des accessoires très désirables.

L’exposition nous pousse à ne pas chercher au-delà de notre propre corporalité, elle nous enjoint de faire avec ce que nous sommes. Et ceux que nous sommes n’est pas si mal d’ailleurs, l’œuvre de Scenocosme nous traduit en son et en couleur.

Évidemment, parler du corps aujourd’hui pose la question des mouvements. Les mouvements subis d’abord, ceux des migrants (Barthélémy Toguo) ou ceux des livreurs des applications mobiles (Arnaud Adami), et les mouvements consentis, ceux de la piste de danse évidemment, et c’est comme cela que se finit cette belle exposition vraiment tout public, par une immense boule à facette mi-disco mi-ballon de basket, signée de Laurent Perbos. Et ça, ça nous donne envie de bouger notre corps, quelque soit sa forme sur le dance floor !