L’exposition Matière-Lumière d’Evi Keller, à la Maison Caillebotte jusqu’au 31 août, propose une exploration de la relation entre lumière et matière. À travers photographie, peinture et installation, l’artiste invite à une expérience immersive où nature et cosmos se rencontrent.
La Maison Caillebotte accueille, dans son Orangerie, les œuvres de l’artiste plasticienne allemande Evi Keller à l’occasion d’une nouvelle exposition intitulée Matière-Lumière, un titre qu’elle donne à l’ensemble de ses travaux depuis maintenant vingt ans. Née en 1968 à Bad Kissingen, Evi Keller vit et travaille aujourd’hui à Paris. Elle consacre son art au principe cosmique de la transformation de la matière par la lumière.
L’exposition semble s’organiser en trois temps. Tout d’abord, vous aurez l’occasion d’observer comment Evi Keller fait dialoguer matière et lumière à travers la photographie argentique.« Je viens de la photographie. J’avais pendant toute mon enfance cette richesse d’observer, dans une première démarche artistique, l’appareil photographique », nous confie-t-elle.
Entre le noir et blanc et le sépia, la série de photographies Matière-Lumière [Towards the Light – silent transformations] nous dévoile des paysages naturels à travers le reflet d’une eau parfois en mouvement, parfois légèrement solidifiée, d’autres fois brisée par endroits à la manière d’une vitre cassée.
Les arbres du paysage, le ciel et le soleil se fondent avec l’eau d’une manière qui nous semble la plus pure. Cette lumière naturelle est toujours présente : quelquefois, elle s’étale et surgit de tous les côtés, d’autres fois, elle n’est qu’une petite boule lumineuse dans ce paysage noir et blanc. Nous en sommes absorbés, comme si cet éclat reflété dans l’eau allait soudainement en surgir pour nous envelopper. Et ça marche : nous sommes à notre tour animés par cette lumière qui ne fait plus qu’un avec la matière.
Dans la même énergie, nous retrouvons une œuvre audiovisuelle pour une expérience sensible immersive. Evi Keller souhaite nous transmettre ses propres ressentis face à la nature qu’elle a capturée l’instant d’une photo. « C’est une communion de ce que j’ai vécu, expérimenté en pleine nature, et j’ai essayé de partager cet instant mystique », dit-elle.
Le travail effectué sur les œuvres est impressionnant. Il ne se limite pas à un seul médium : cela passe par la photographie, la peinture, la sculpture, mais aussi par la performance, le son et la vidéo. Evi Keller nous transporte dans son univers qui l’anime depuis des années, si ce n’est depuis le début. Dans cette exposition, nous retrouvons une série de pièces aux tons bleus qui trouvent leur origine dans plusieurs techniques — peinture, gravure, sculpture — et plusieurs éléments comme des pigments, de l’encre, de la cendre, des minéraux, des végétaux, sur de fines couches de films plastiques qu’elle recycle.
Elle nous pousse à prêter un peu plus attention à ce qui nous entoure : la nature, l’univers, dans une forme captivante. L’artiste plasticienne joue avec les quatre éléments pour une fusion cosmique. Des fissures blanchâtres irradient ce bleu électrique ; elles nous font tantôt penser à des branches, tantôt à des liens imprégnés dans une eau sous tous ses états — solide, liquide, gazeux. Lorsque vous observez les peintures, sculptures, gravures, photographies — on ne peut les définir, car elles sont tout cela à la fois — votre esprit doit laisser la place à votre âme, qui saisira plus aisément ce dont il s’agit. L’artiste décrit ces créations bleues comme de « l’eau qui brûle ». Par cette transformation des éléments et des techniques, Evi Keller nous invite à regarder autrement ce qui nous entoure, dans une approche sensible et ouverte à l’invisible.
Avec Matière-Lumière, Evi Keller nous entraîne dans une exploration sensible de la matière traversée par la lumière, entre visible et invisible. L’exposition est à découvrir à l’Orangerie de la Maison Caillebotte jusqu’au 31 août. L’occasion idéale pour profiter aussi des jardins du domaine, et prolonger la visite avec Peindre la mémoire, l’exposition consacrée à Boris Zaborov à la Ferme Ornée, visible jusqu’au 21 septembre.
Matière-Lumière, de Evi-Keller à découvrir à l’Orangerie de la Maison Caillebotte (Yerres) jusuq’au 31 août.
© Evi Keller, Courtesy Jeanne Bucher Jaeger, Paris-Lisbonne