En cette période de préparations intensives aux Jeux olympiques de Paris, la Maison de la culture du Japon à Paris nous partage un peu de l’expérience japonaise en présentant deux architectures iconiques des Jeux de Tokyo : le Gymnase national de Yoyogi de Kenzô Tange de 1964 et le Stade national de Kengo Kuma de 2020.
Cette année, Jeux olympiques de Paris obligent, les expositions sur le sport, l’esprit sportif, ou encore les athlètes prolifèrent. A la MCJP, on reste dans le thème, avec un léger pas de côté. En choisissant de s’intéresser à l’architecture des Jeux, le commissaire Saikaku Toyokawa propose de replacer les JO dans une temporalité et un contexte plus grands que ceux de l’évènement lui-même. Tous ces bâtiments porteurs des valeurs olympiques et du pays qui les accueille doivent s’intégrer au tissu urbain de leur époque, mais également faire partie du futur des habitants avec un usage au quotidien. La double expérience de Tokyo en 1964 et en 2020 fait ici écho aux Jeux de Paris.
L’exposition est avant tout une réflexion sur l’architecture, mise en valeur par de sublimes photos en noir et blanc de Yasuhiro Ishimoto pour le Gymnase national de Yoyogi de Kenzô Tange et Mikiya Takimoto pour le Stade national de Kengo Kuma. Mais on ne trouve pas ici de plans techniques : ce n’est pas l’architecture en tant que contenant ou lieu utilitaire qui intéresse, mais l’architecture comme lien social, historique, politique. A partir de ces deux bâtiments, de nombreux liens se tissent entre des personnes, entre l’humain et la ville, entre des époques, entre des pays. On ne parle que peu de l’aspect pratique de l’architecture pour privilégier son côté sensible et conceptuel, que ce soit le geste de l’architecte, les liens affectifs avec le bâtiment ou sa dimension esthétique en tant qu’objet architectural.
Au fil de cette exposition concise mais élégante, on découvre des photos et des maquettes, dont l’impressionnante reconstitution de Tokyo de Shibuya à Shinjuku, chaque pièce illustrant précisément les différents fils tirés autour du sujet. Ainsi se tisse une toile de relations entre Kenzô Tange, Kengo Kuma et Le Corbusier, entre Tokyo et Paris où les deux architectes ont eu un bureau, entre aujourd’hui, 1964 et le XVIIème siècle, époque à laquelle la villa impériale Katsura a été construite, et entre un bâtiment construit pour la gloire olympique et son appropriation par les habitants de sa ville.
La sensualité des matières de l’architecture japonaise, le bois, la pierre, le béton, le végétal, est soulignée dans la finesse des photographies qui mettent en parallèle les courbes et les élancements vers le ciel, les avant-toits et le lien au paysage des différents bâtiments tout en gommant les années qui les séparent. L’architecture traditionnelle de la villa Katsura se superpose à celle de la villa Seijô de Tange, qui fut inspiré par Chandigarh de Le Corbusier, avant de décider le jeune Kuma à devenir architecte, qui lui participe également aux constructions des JO de Paris avec la station de métro Saint-Denis Pleyel. Dans le dessin de ces lignes précises se cache la poésie des matières et la finesse des siècles d’histoire de l’architecture japonaise.
Au milieu des travaux qui secouent Paris, cette exposition de la MCJP nous invite à regarder plus loin, à sortir des considérations pratiques et à chercher la beauté en revenant à l’essence de l’architecture.
Kenzô Tange – Kengo Kuma – Architectes des Jeux de Tokyo
Du 02 mai au 29 juin 2024
Maison de la culture du japon à Paris
Visuels :
1- Vue d’ensemble de la toiture du Stade national, 2023. Photo : Mikiya Takimoto ©G.Y.S.C.
2- Vue extérieure du gymnase n° 1 de Yoyogi, 1964. Photo: Yasuhiro Ishimoto. The Museum of Art, Kochi ©Kochi Prefecture, Ishimoto Yasuhiro Photo Center
3- Le Gymnase de Yoyogi (au premier plan, à droite) et le Stade national (au second plan, à gauche), 2023. Photo : Mikiya Takimoto ©G.Y.S.C.
4- Cathédrale Sainte-Marie de Tokyo, 1964. Photo : Yasuhiro Ishimoto.The Museum of Art, Kochi ©Kochi Prefecture, Ishimoto Yasuhiro Photo Center
5- Villa impériale de Katsura, vue du côté est du nouveau palais (shin-goten) et de sa pelouse, 1953-1954.Photo : Yasuhiro Ishimoto. The Museum of Art, Kochi ©Kochi Prefecture, Ishimoto Yasuhiro Photo Center
