Un dialogue esthétique, contemporain et féministe contemporain s’installe entre l’artiste francophone suisse Agnès Thurnauer et les collections du Musée Cognacq-Jay. Dans cet espace exigu, l’artiste pousse l’art minimal jusqu’à la limite de l’abstrait, voire du land art, pour faire résonner autrement les œuvres du XVIIIe siècle.
Correspondances. Quel titre parfait pour résumer l’expérience que nous nous préparons à vivre en entrant au Musée Coganc-Jay. Le vis-à-vis entre l’art conceptuel et minimal d’Agnes Thurnauer et les collections glorieuses de l’hôtel Donon se propose de sortir les femmes du XVIIIe siècle de la poussière de leurs lettres domestiques.
On entre dans les dorures des collections dixhuitièmistes du Musées Cognac Jay sur des installations d’une violet profond, très conceptuelles et féminisant les prénoms des philosophes des Lumières… Et nous nous rappelons que l’époque de Kant et Rousseau c’est aussi celle d’un siècle où les femmes régnaient sur leurs salons et où pouvaient s’exprimer des figures telles que Germaine de Staël ou Élisabeth Vigée Le Brun. Les portraits de femmes de l’époque, souvent lascifs et codés rebondissait sur les parois lisses et les géométries colorées des oeuvres d’ Agnès Thurnauer interroger les héritages et les silences.
Joyeusement iconoclaste, Thurnauer s’amuse des temps et des espaces avec un blow-up de la Belle laitière ou des sculptures-chaises à enjamber sur le parquet qui craque pour mieux voir les œuvres. Tout devient jeu, tension, correspondance. Son pari est pleinement remporté, à la fois pour faire briller son art mais aussi jeter un oeil neuf sur des oeuvres qui sortent de leurs gonds. Les temps et les us ne sont pas toujours d’accord, mais quand une forme novatrice interroge les perles du passé, c’est à un boom de sensations et de réflexions que le musée Cognac-Jay nous convie.
« Correspondances », au Musée Cognacq-Jay,
Agnès Thurnauer © Musée Cognacq-Jay / Paris Musées / Gautier Deblonde