Rodin et Bourdelle au « Corps à corps » dans la nouvelle exposition du musée Bourdelle

Rodin / Bourdelle, réciprocité et divergence de deux univers plastiques

Antoine Bourdelle rencontre Auguste Rodin en 1893, lorsqu’il devient l’un de ses praticiens. Les deux artistes se lient alors d’amitié, s’échangeant sculptures et dessins, on le découvre en préambule du parcours de l’exposition. Les sculpteurs s’admirent l’un l’autre mais se confrontent également à un désir d’indépendance artistique. A travers plus de 160 œuvres, dont 96 sculptures, 38 dessins, 3 peintures et 26 photographies, l’exposition met en lumière la relation particulière entre Bourdelle, Rodin et leurs œuvres.

En commençant par questionner le rôle de praticien, une première partie rappelle l’attrait des deux sculpteurs pour l’esthétique de l’inachevé. Nous découvrons ensuite quelques œuvres tirées des collections de Rodin et de Bourdelle, à partir desquelles on observe des inspirations communes émergeant de l’Antiquité, des œuvres égyptiennes, japonaises ou hindoues, jusqu’aux sculptures médiévales.

Cet intermède permet d’introduire une deuxième partie qui aborde le sujet du fragment, son esthétique plastique et philosophique. Masques, mains et torses, morceaux d’un corps, racontent alors la puissance du fragment, son énergie propre. Les œuvres de Rodin et Bourdelle sont également mises en regard avec celles d’artistes qui leur sont contemporains, permettant une remise en contexte et une certaine prise de recul.

L’exposition se poursuit en évoquant la question du monumental, de la sculpture dans l’espace. Si cette recherche est initiée par Rodin, elle est également poursuivie par Bourdelle. La réflexion est alors portée sur le rapport entre architecture et sculpture, sur l’importance du socle et le changement d’échelle.

La dernière grande partie du parcours traite quant à elle de l’hybridation et des métamorphoses, sujets qui fascinent les deux sculpteurs. Enfin, l’épilogue conclut l’exposition en ouvrant sur la génération de sculpteurs et sculptrices inspiré·e·s par Rodin et Bourdelle, notamment Alberto Giacometti.

Des trajectoires parallèles mises en espace

Les textes, cartels et outils de médiation pour les enfants sont clairs et accessibles. L’exposition est très intelligible et ce caractère de lisibilité est renforcé par un parcours bien construit et une scénographie épurée. De plus, la scénographie sert le discours. Les œuvres des deux artistes sont littéralement mises en parallèle dans l’espace. Cet effet est frappant lorsque sont abordées les collections des artistes. Les œuvres se répondent en un coup d’œil par un jeu de symétrie très judicieux et pertinent. À gauche, les œuvres de la collection de Bourdelle, à droite, celles de Rodin. La disposition est belle, simple et efficace.

Au-delà de la symétrie, la réflexion autour de l’espace permet un parcours intuitif. Nous traversons les salles, voyageons dans différentes thématiques à la (re)découverte de l’œuvre de Bourdelle et celle de Rodin sous l’angle de leurs relations.

Bien que la visite autonome suffise à apporter une compréhension quasiment complète des enjeux de l’exposition, le musée Bourdelle propose également des visites guidées et théâtralisées. Aussi, différents ateliers de modelage et de gravure sont organisés, à destination des enfants comme des adultes, permettant une mise en pratique plastique de la réflexion et de l’observation apportées par l’exposition. Ainsi, la programmation culturelle développée par le musée Bourdelle du 2 octobre 2024 au 2 février 2025 autour de l’exposition Rodin / Bourdelle. Corps à corps s’avère être complète et destinée à toutes et tous.