Le festival des Constellations de Metz revient avec l’été et s’installe dans les monuments et les jardins de la ville. Evadez-vous dans la multitude d’espaces libres qu’il nous propose.
Avec ses trois parcours – Art et jardins et Art urbain de jour, Art numérique de nuit – le festival Constellations, entièrement gratuit, reprend ses quartiers d’été à Metz autour du thème Espace(s) Libre(s). Espace physique, social, cosmique ou métaphysique, la définition est large et semble s’inscrire dans les oppositions : liberté et oppression, appropriation et partage, humain et IA… Depuis sa première édition en 2018, le festival a trouvé sa recette tout en continuant à évoluer, en occupant de nouveaux lieux ou en incluant de la performance, la grande nouveauté de cette édition.
Le parcours nocturne Pierres numériques est le cœur du festival, et il nous a réservé quelques belles expériences cette année. Notons la réouverture du dôme, en réfection l’année dernière, sur la place de la Comédie, avec Black out in variations, un projet créé en résidence à Metz au BLIIIDA. Pensé à partir de la pièce de théâtre Black out du Collectif 804, elle a été augmentée d’une œuvre lumineuse projetée sur le dôme et d’une composition sonore. Ainsi, pour la première fois du festival, une performance humaine est présentée, les acteurs devenant aussi support de la projection lumineuse, dans un processus d’assimilation de l’humain à l’essence minérale de la ville. Visible uniquement au début du festival, elle sera remplacée par une version plus courte où les voix seront enregistrées.
Les créations présentées dans l’église des Trinitaires sont souvent spectaculaires, et celle de cette année, Oh Lord ! de Guillaume Marmin, ne fait pas exception à la règle. A partir d’images d’observation scientifiques d’instituts français, l’artiste a créé un hommage hypnotisant au dieu Soleil, prié et observé de tous temps dans le monde entier. Eruptions, éclipses, vents solaires et data défilent depuis l’autel, accompagnés d’une création sonore atmosphérique vibrant sous la voûte de l’église.
Constellations est un festival international : sur les 33 artistes du parcours nocturne, 20 ne sont pas français. Par exemple, la cathédrale Saint-Etienne reçoit deux mappings vidéo, un espagnol et un italien, mais qui, comparé aux années précédentes, peinent un peu à convaincre. Si le mapping de Filip Roca manque un peu de rythme et semble trop déconnecté de son support, celui d’Antaless Visual Design sait quant à lui nous emporter dans son univers entre rigueur architecturale et fluidité organique. Plus loin, dans la cour d’honneur de l’Hôtel du Département et dans le Jardin d’Amour, deux œuvres d’artistes d’Europe de l’Est appellent à la paix, avec une course à la vitesse de la lumière de Sedemminut et NIID et une matriochka géante couchée sur le flanc de Marek Kvetán, Anton Dehtiarov et Svitlana Reinish.
Dans la chapelle Sainte-Blandine, un des nouveaux lieux de l’édition, Alan Bogana nous propose une installation lumineuse interactive très organique. Chacun peut participer à l’œuvre en superposant ses traits de lumière aux flux de l’œuvre qui rappellent une sève végétale irrigant les nervures des plantes. Enfin, ne manquez pas Un oiseau de passage de Luminariste dans la Basilique Saint-Vincent. Un oiseau lumineux traverse la nef et nous raconte des histoires de migrations, de tempêtes, de bord de mer et de confrontations avec l’humain. Par un procédé relativement simple, nous sommes emportés dans un moment de grande poésie sur les ailes des oiseaux qui nous survolent.
Pour compléter cette visite nocturne, le parcours Art et Jardins se fait au fil de l’eau en suivant la Seille et la Moselle, dans une promenade pleine de fraîcheur qui nous fait passer notamment par la place de la Comédie et son jardin éphémère composé sur le thème de l’eau et de l’ombre. Dans ce jardin, la compagnie aKousthéa propose aux visiteurs de découvrir les sons des vibrations végétales par le dessin, la musique et le toucher. Au gré de nos pérégrinations urbaines, nous pouvons également dénicher des œuvres du parcours Art urbain, comme les céramiques des K.releuses qui viennent réparer les trottoirs, les graffs végétaux de Nesta ou l’exposition de RERO à l’Arsenal.
Le parcours nocturne de Constellations offre une parenthèse d’art contemporain onirique qui nous emporte hors du temps, dans un bel espace de liberté.
Du 20 juin au 31 août 2024
Visuels : Constellations © Philippe Gisselbrecht – Ville de Metz