Dans le cadre de l’Olympiade Culturelle, le Musée installé dans l’appartement où a vécu Georges Clemenceau (1841-1929) a commandé à l’historien de la santé Georges Vigarello une exposition sur le Tigre et le sport. L’occasion colorée de voir comment la bourgeoisie française se maintenait en forme à la Belle époque…
Alors que le Tigre occupait un joli mais discret appartement du 16e arrondissement, il vivait au rez-de-chaussée, donnant sur un jardin. Post-mortem, son logis a été étendu à deux étages par des admirateurs et admiratrices afin de présenter ses archives. Et, ce faisant, une trajectoire qui le mène d’une enfance en Vendée à une carrière de médecin, puis d’homme politique. Faire un tour dans l’exposition permanente fait du bien. Pas seulement parce que les traits d’esprit sont restés inégalés. Mais aussi parce que cet homme politique, qui n’a jamais été élu avant 70 ans et a été un ministre de l’Intérieur marquant, a aussi été dreyfusard (au point de se battre en duel), anticolonialiste et figure de « Père la victoire » pendant la Première Guerre mondiale. C’était aussi un homme cultivé.
On sait que la veille de sa mort, Georges Clemenceau avait encore fait sa gymnastique quotidienne avec celui qu’on n’appelait pas encore son « personal trainer » ; l’exposition nous le prouve chèque de paiement à l’appui. En effet, diabétique et gourmand depuis un âge assez jeune, le Tigre utilisait la gymnastique pour se maintenir en forme. Et si l’on croit son énergie jusqu’à 80 ans, cela a plutôt marché. Homme de son temps et de son pays, il boude les sports élégants de la noblesse anglaise (le tennis par exemple) pour s’exercer au vélo (le Bois de Boulogne se souvient de ses promenades), au cheval, à la chasse (où de grandes discussions politiques peuvent avoir lieu) et même à l’escrime. Il se bat souvent en duel (pas moins de 12 fois !), notamment au fleuret contre Paul Deschanel en 1894, mais il échange aussi pas mal de coups de feu (heureusement sans suite) et est témoin (lors du fameux duel entre le général Boulanger et Charles Floquet).
Avec des mises en perspective passionnantes, des textes alertes de Georges Vigarello et une scénographie simple qui s’appuie sur de grands panneaux colorés, cette exposition sur Clemenceau et le sport permet de traverser une tranche d’histoire à travers le sport et d’en apprendre mieux sur les manières de vivre en France à l’époque de Clemenceau. Un petit bijou de cette Olympiade culturelle, à découvrir dans son écrin.
© Affiche