Jusqu’au 17 décembre 2023, l’exposition L’avenir fait main nous fait découvrir l’univers d’une créatrice de mode libre, inspirante et valorisatrice de talents, près de 200 artistes venus de son pays d’origine, le Mexique. Cette équipe, accompagnée de Maisons résidentes du 19M, utilise des techniques traditionnelles porteuses d’un message universel, créer une mode alternative et humaniste, toujours le poing levé.
Depuis son inauguration à Aubervilliers en 2022, le 19M, avec ses onze Maisons d’art et une école de broderie, a pour projet de pérenniser, transmettre et exposer au grand public les métiers d’art et de la mode, de la décoration et du design, trop souvent malmenés par la globalisation qui fane les savoir-faire au profit d’une uniformisation sur les épaules desquelles pèse une cynique rentabilité.
Dans sa démarche, le 19M ne pouvait pas rêver mieux en conviant Carla Fernández à enchanter sa Galerie.
La créatrice et designeuse, cofondatrice de Carla Fernández Casa de Moda avec son associée Cristina Rangel, met en lumière depuis près de 20 ans les gestes et les techniques d’artisans venus comme elle du Mexique afin de sauvegarder et développer cet héritage précieux, riche de millénaires d’existence. Tisserands, brodeurs, laqueurs, sculpteurs sur bois, peintres sur textile, maroquiniers… ils sont plus de 180 à travailler à ses côtés. Carla Fernández en a même fait une profession de foi, « Manifesto of Fashion Resistance », et son credo est « Revenir à l’origine pour être original ».
Dans le cadre de L’avenir fait main, d’abord présentée à Denver aux Etats-Unis puis dans son pays natal, Carla Fernández s’est entourée de ces petites mains aux doigts d’or. Mais pour la version présentée au 19M, des Maisons résidentes se sont jointes au projet initial, le bijoutier orfèvre Goossens, l’atelier de souliers sur-mesure Massaro et la chapellerie Maison Michel. Elles ont apporté leurs pratiques parfaitement complémentaires à celles de la culture mexicaine et chacune se nourrit mutuellement de l’autre. Carla Fernández utilise le terme de « collaborations miroirs ».
Le résultat de cette fructueuse collaboration est la présentation au sein de la Galerie du 19M d’une collection d’une trentaine de tenues extravagantes. Meneuse d’une parade de tissus élégants, légers et colorés, de chaussures si chics que le sol s’incline et fait la révérence, de chapeaux incroyables qui tutoient le soleil à telle enseigne que le ciel en est jaloux, Carla Fernández lève le voile sur des looks qui donnent une toute puissance mystérieuse aux silhouettes qui s’en emparent tout en proposant un panorama de l’identité mexicaine.
A l’entrée de l’exposition, une installation monumentale est constituée de petits objets métalliques, les milagritos (« miracles » en mexicain), des ex-votos de formes différentes, utilisés soit de façon autonome soit en décoration pour faire un voeu ou remercier d’un souhait réalisé. Des masques et des objets en papier mâché, les indispensables des fêtes traditionnelles mexicaines, sont également de la partie. Une salle est dédiée aux costumes distingués ornés de dessins et d’éléments en cuir découpé portés par les charros, les cavaliers spécialisés dans le dressage des chevaux et des taureaux, au cours du jeu équestre de la charrería, un sport national au Mexique. Vous pourrez aussi admirer les huipils, ces amples tuniques traditionnelles, et en clôture de l’exposition se dresse un tzompantli, ou mur de crânes, le motif le plus récurrent de l’iconographie mexicaine et qui rappelle la fête des Morts, une célébration populaire avec son lot de défilés, de déguisements colorés et de moments de convivialité sur les tombes des défunts.
En associant tradition et modernité, en s’appuyant sur les savoir-faire mexicains et les maisons résidentes du 19M, Carla Fernández est une anthologiste d’une mémoire de la mode, d’hier à aujourd’hui. Mais son projet est également ancré dans le monde de demain. Créatrice engagée, son projet est toujours lié aux thématiques sociétales qui lui sont chères et s’imbriquent dans l’esthétisme. Elle défend une mode durable et responsable. Les recherches de Carla Fernández veulent également remettre les femmes à la place centrale qu’elles méritent dans la société.
L’exposition L’avenir fait main est aussi militante par sa volonté de se tourner vers le public. Plusieurs événements sont organisés d’ici le 17 décembre. Trois maîtres artisans mexicains qui collaborent avec Carla Fernández, Felipe Horta, Arisbeth González et Obdulia Almazán, animent des ateliers d’initiation à la peinture de masques, à la broderie, à la découpe du papier d’amate ainsi qu’à la laque.
Par ailleurs, chaque visiteur peut accrocher un milagrito sur l’installation monumentale située à l’entrée de l’exposition et découvrir les techniques utilisées pour élaborer ces pièces (tous les jeudis pour les publics scolaires et associatifs et tous les samedis de 14h30 à 17h30 pour le grand public).
Lorsque vous aurez apporter votre pierre à l’édifice, prenez une pause gourmande bien méritée au Café du 19M, également ouvert pour déjeuner du lundi au vendredi. Le café propose une carte variée aux tarifs abordables et conçue par des cheffes, baristas et artisans de la table reconnus dans leurs domaines. L’après-midi et le week-end, du mercredi au dimanche, la café se transforme en salon de thé avec des snacks, des pâtisseries maison et des breuvages aux arômes subtils, le tout garanti écoresponsable. Il n’est pas impossible qu’en ces temps où le Mexique pose ses valises au 19M grâce à Carla Fernández, vous retrouviez sur vos papilles quelques saveurs de ce pays.
la Galerie du 19M
2 place Skanderbeg 75019 Paris
Ouvert du mercredi au vendredi de 11h à 18h, le samedi et le dimanche de 11h à 19h