« Capturer la beauté » c’est le titre de l’exposition phare que le Jeu de Paume dédie à la pionnière de la photographie Juliet Margaret Cameron. C’est la plus grande rétrospective dédiée à l’artiste en France depuis 40 ans.
« [D]ès le premier instant, je manipulai mon objectif avec une tendre ardeur, tant et si bien qu’il est devenu à mes yeux semblable à un être vivant doté d’une voix, d’une mémoire, et d’une vigueur créatrice ». À 48 ans, quand elle reçoit son premier appareil photo, Juliet Margaret Cameron est déjà mère et grand-mère. Cette grande dame de la haute bourgeoisie anglaise, d’origine française et catholique, se met à fixer les traits du monde qui l’entoure. Sa servante Marie, sert de modèle, encore et encore, à ses portraits allégoriques et sacrés. Ses enfants, petits enfants, mais aussi ses amis illustres (Darwin, Watts …) sont les sujets de son travail de portraitiste sur la lumière. Incidemment et par quelques citations, on apprend que cette Lady née en Inde et ayant travaillé en Angleterre a écrit sur sa carrière de photographe. Le récit s’intitule Annales de ma maison de verre, maison où elle avait installé son studio de développement photographique.
On avait redécouvert Julia Margaret Cameron à l’exposition « Qui a peur des femmes photographes ? », en 2015, au Musée d’Orsay. On la retrouve à travers plus de 100 clichés allant des premières expérimentations jusqu’à ses compositions historiques, littéraires ou allégoriques.
Alors que le Jeu de Paume dédie à la photographe sa plus grande rétrospective de ces 40 dernières années avec les fonds du Victoria & Albert Museum, c’est après un tombereau de citations et de références que les photos (et quelques objets et lettres) s’enchaînent, révélant l’impact de son art. Le parcours s’ouvre et se clôt sur un mur de citations admiratives de « grands et grandes » comme Nan Goldin, Patti Smith, ou Virginia Woolf. Et elle se poursuit chez soi avec le podcast tiré du récit que Woolf a dédié à Juliet Margaret Cameron, lu en 3 épisodes par Clémence PoésY.
Une exposition qui exprime en effet toute la beauté capturée, mais qui laisse un peu sur sa faim car elle reste peut-être un peu trop académique.
Julia Margaret Cameron, I Wait [J’attends], 1872, Tirage albuminé
© The Royal Photographic Society Collection at the
V&A, acquired with the generous assistance of the
National Lottery Heritage Fund and Art Fund.