Brecht Evens présente Le roi méduse à la galerie Martel

Les bandes dessinées de Brecht Evens sont toujours des expériences de lecture à part. Ses histoires nous emportent dans des tourbillons qui nous font perdre nos repères habituels, oscillant entre le rêve et le cauchemar, et dont l’issue n’est jamais bien certaine. Son dessin, si caractéristique avec sa géométrie, sa précision, ses explosions de couleurs, nous ouvre des mondes remplis d’innocence et de cruauté, toujours troublants. Le tout donne des ouvrages tenant à la fois de la bande dessinée, de l’illustration et de l’art contemporain, dans un style tout de suite identifiable.

Pour Le roi méduse, paru en janvier 2024, Brecht Evens continue à explorer les possibilités du dessin avec ses images à la gouache et à l’aquarelle qu’on lui connait, et en y ajoutant des lithographies, des bois gravés et des eaux-fortes. Découvrir les originaux à la galerie Martel est l’occasion de constater que ceux-ci, environ deux fois plus grands que les reproductions du livre, sont sans défauts. Pas de corrections, pas de bavure, les formes s’inscrivent sur le fond blanc ou s’enchevêtrent dans de riches nuances de couleurs vibrantes dans une précision irréelle.

Le texte étant dessiné à part, les images s’offrent à nous dans toute leur puissance évocatrice, tel que ce navire-plateforme pétrolière flottant entre la mer et les étoiles face à une minuscule barque noire, scintillant comme une apparition, ou ce nouveau-né mugissant présenté par une armée de blouses vertes. Quelques pages de recherches et d’esquisses sont présentées en regard des illustrations, où se mêlent également les techniques, crayon, couleur, feutre, entourés de textes en flamand, anglais ou français. Preuve est donnée que dans l’esprit bouillonnant de Brecht Evens tout se mélange et s’assemble pour former un langage unique, au plus près de lui.