Jusqu’au 21 janvier au Palais Galliera, l’on découvre un autre visage du couturier Azzedine Alaïa. Pendant près de 40 ans, ce sculpteur d’étoffes et de corps a collectionné les plus grands noms de la mode… des origines de la Haute-Couture à ses contemporains.
Ces pièces n’avaient jamais été montrées, sauf quelques créations d’Elsa Schiaparelli en 2009… De 1968 – 4 ans après l’installation de son atelier, rue de Belchasse -, à sa mort en 2017, Azzedine Alaïa a rassemblé, en secret, plus de 20 000 pièces, principalement des robes et des manteaux. Et l’objectif est volontairement archivistique. Le couturier né à Tunis écrit : « C’est devenu chez moi une attitude corporative de les préserver, une marque de solidarité à l’égard de celles et ceux qui, avant moi, ont eu le plaisir et l’exigence du ciseau ».
Ce sont donc 140 œuvres qui traversent l’histoire de la couture du 19e siècle à nos jours que le Palais Galliera nous propose de voir, selon un grand défilé fluide, sombre et majestueux. On reconnaîtra facilement le goût d’Alaïa, formé à la sculpture, pour les formes essentielles de la mode. Il y a notamment une grande surreprésentation de robes et de manteaux. Et, surtout, avec une mise ou remise en avant des essentiels : Jeanne Lanvin, Coco Chanel, Christian Dior, Hubert de Givenchy, mais aussi Charles James découvert au Brooklyn Museum de New York, Adrian, le couturier de la MGM, Madeleine Vionnet dont il réaffirme l’importance, ou Balenciaga qu’il collectionne avec ardeur.
Ainsi, la plupart des modèles exposés sont classiques, élégants, définitifs. Il faut dire qu’Alaïa a un faible pour les lignes fluides des années 1950. Et il collectionne des pièces emblématiques de chacun des grands couturiers. Ce qui frappe dans ce ballet d’élégance, c’est le caractère complètement intemporel des tenues. Finalement, seules quelques œuvres pointent du côté de l’exubérance et de l’art, avec par exemple la robe de jour imprimée qui s’intitule “Parade sauvage” de Claire McCardell dont le tissu est signé … Fernand Léger. Et c’est probablement hors les murs, dans les collections d’Art Moderne de la Ville de Paris, que vous verrez le clin d’œil vers l’art contemporain et l’explosion des formes avec 3 costumes conçus par Matisse pour les ballets russes de Diaghilev « Le chant du Rossignol ».
Une exposition impressionnante qui dévoile la face cachée d’un créateur – collectionneur de ses pairs.
Visuels:
Photo de l’expo :
Charles James, robe du soir, haute couture, vers 1950.
Madeleine Vionnet, robe du soir «Petits chevaux», haute couture, vers 1924.
Jeanne Lanvin, robe du soir, haute couture, vers 1935.