Le Musée du Luxembourg propose pour les JO une exposition aussi pointue que passionnante et a fait appel au designer mythique Konstantin Grcic pour éclairer la manière dont le design et le sport interagissent. Une exposition à la scénographie magistrale qui surprend les habitué.e.s du musée pour réjouir ceux et celles qui aiment réfléchir en état de choc au devenir de l’humain quand il ou elle se dépasse.
Le visiteur ou la visiteuse entre dans MATCH comme dans une arène. Dès le premier coup d’oeil, la scénographie imaginée comme un grand gymnase brut grillagé par Konstantin Grcic coupe le souffle. On ne sait plus trop si on est dehors ou dedans, aujourd’hui ou dans notre futur. Les affiches et les posters bavent, comme venus de mars ou d’un séisme, en noir et blanc. Et le sol non repeint ajoute un caractère « street » à un espace qu’on découvre d’habitude policé et aux couleurs modernistes des expositions qu’on vient y voir. Le parcours est thématique mais comme tout est dans tout, on réalise que le design est là, dès le dessin coloré des anneaux par Pierre de Coubertin.
C’est le fameux Discobole qui nous accueille – à peine peintuluré- à côté d’une bicyclette mythique de 1886 et ce sont des gradins devant un jeu-vidéo qui nous congédient de l’exposition. L’effort est là dès le début, la question de sa forme nous obsède. Il y la forme des outils, celle du terrain de jeu, de l’Olympiapark de Günther Behnisch (Munich, 1972) à la coque blanche de l’Autonomous Zone qui s’érige pour Paris 2024, les pictogrammes qui évoquent les disciplines Olympiques et aussi la question de la ville où les infrastructure sont testées en « live ». La question de la matières et des formes est au cœur du compagnonnage entre sport et design : on contemple des balles, ballons et des coques de formules 1; on réalise ce que permet la démocratisation de l’impression 3D. Par ailleurs, le football féminin ou les jeux paralympiques sont évoqués. La question de la diversité est là, avec des photos de sportives afghanes entièrement voilées et le dessin du drapeau des réfugiés par Yara Zaid.
Mais la plus grande partie de l’exposition interroge l’humanité augmentée. Avec l’idée que si la drogue est de la triche, on se dope tous légitimement à la technologie et que c’est la science qui nous permet de toujours améliorer nos capacités, du bobsleigh de l’équipe de Jamaïque en 1988 au robot de Atlas Boston (hyperperformant!). «The futur of sport is a product of our own production», nous dit un cartel. Si pleins de questions sur l’IA, la VR, les avatars, les data- ou cyborg-athlètes restent en suspens, la ligne directrice est bien tracée : le design travaille la matière pour nous permettre de respecter ce droit humain fondamental qu’est le sport, selon la Charte des Jeux Olympiques…
MATCH est une exposition surprenante, qui s’accompagne de plein d’ateliers, notamment de Yoga avec YUJ Yoga. A réserver sur le site du Musée du Luxembourg.
visuel © Didier Plowy, Grand Palais Rmn, 2024