Jusqu’au 20 janvier 2025, la Bourse De Commerce –Pinault Collection présente à Paris l’exposition Arte Povera. Cette magnifique rétrospective embrasse la globalité de ce mouvement pour mieux comprendre les enjeux de notre époque et y répondre avec force.
Pour la toute première fois depuis son ouverture, la Bourse de Commerce de Paris (Pinault Collection) consacre ses espaces à un seul et unique mouvement artistique, l’Arte Povera.
Conçue par la renommée commissaire Carolyn Christov-Bakargiev, grande spécialiste du mouvement, cette exposition majeure rassemble plus de 250 œuvres de treize figures emblématiques telles que Giuseppe Penone, Alighiero Boetti, Mario Merz, Michelangelo Pistoletto et Giovanni Anselmo. Une cinquantaine de pièces issues de la Collection Pinault s’intègrent dans un dialogue enrichi par des prêts de prestigieuses institutions, notamment le Centre Pompidou et la Tate.
L’Arte Povera, né en Italie dans les années 1960 sous l’impulsion de Germano Celant, répondait à l’industrialisation et au consumérisme, mettant en valeur des matériaux simples et une approche empirique. L’exposition recrée cette volonté de « possession de la réalité » en ancrant les œuvres dans l’espace comme des forces poétiques et vivantes.
La scénographie tire parti de la Rotonde centrale, un espace présenté comme un lieu de réflexion entre l’intérieur et l’extérieur, propice à une exploration collective des treize artistes mis en valeur.
À partir de ce point, les visiteuses et visiteurs sont entrainé.e.s dans les différentes salles de la Bourse de Commerce, chaque artiste disposant de son propre espace.
La visite commence en beauté au rez-de-chaussée par une galerie où Jannis Kounellis, Marisa Merz et Mario Merz dialoguent autour de l’évolution de l’usage des matériaux.
Le premier étage est dédié à Michelangelo Pistoletto, présentant toutes les facettes de sa pratique, des « objets en moins » aux « tableaux miroirs », pour finir par une œuvre récente utilisant l’intelligence artificielle.
Le deuxième étage expose d’autres grandes figures du mouvement, comme Alighiero Boetti, qui utilise des matériaux « pauvres » de manière élémentaire et joue avec les techniques de tissage pour créer ses « Mappa ».
Giuseppe Penone, quant à lui, embrasse le rythme du vivant, notamment du végétal, pour y imprimer avec délicatesse et sa vision artistique.
Citons encore le bel espace où Pier Paolo Calzolari crée une Casa ideale, «maison idéale» blanche, un lieu immaculé où les mots et les allusions spirituelles côtoient les machines réfrigérantes.
Les niveaux inférieurs sont entièrement consacrés à Gilberto Zorio, qui rend visible le passage de l’énergie en utilisant des éléments industriels de manière quasi alchimique. Ses Microfoni (1968) invitent les visiteurs à interagir avec des micros pour transmettre leurs messages en écho à celui de l’artiste.
À l’extérieur, on trouve également des œuvres majeures qui invitent les passants à pénétrer dans la Bourse de Commerce. À commencer par Idee di pietra—1532 kg di luce (en français, «Idées de pierre—1532 kg de lumière») de Giuseppe Penone, placé devant le bâtiment. Une démonstration qui montre la fusion entre nature et culture opérée par ce mouvement. Et tout autour du bâtiment est installée une série de chiffres en néon, la Fibonacci Sequence de Mario Merz (1984). Enfin, l’artiste argentin Adrián Villar Rojas propose également une œuvre sur la façade du musée.
Pour la commissaire de l’exposition, Carolyn Christov-Bakargiev, les œuvres présentées dans cette exposition rendent tangibles et font écho à l’énergie et aux transformations de l’univers.
Les artistes de l’Arte Povera ont toujours puisé dans des matériaux naturels et industriels pour exprimer la vitalité, la puissance transcendantale de la Vie. L’élan créatif de l’Arte Povera résonne avec force avec le présent en proposant une expérience énergétique et transformationnelle, en affirmant l’importance de la matière et du vivant dans un contexte technologique de plus en plus dématérialisé.
Visuel, photos : © David Hanau