Après avoir illuminé Hong Kong, Bâle et Paris, Art Basel déploie à nouveau son tapis rouge sur le sable de Miami Beach pour sa 22e édition, du 6 au 8 décembre 2024. Sous la houlette de sa nouvelle directrice, Bridget Finn, la foire réunit 286 galeries issues de 38 pays, dont 32 nouveaux participants et confirme son statut d’incontournable dans le calendrier mondial de l’art contemporain.
par Aline Arneiro
Bien plus qu’une simple foire, Art Basel Miami s’est imposée comme le catalyseur d’une métamorphose culturelle et urbaine qui transcende ses propres murs. Grâce à son rayonnement, la Miami Art Week est devenue un phénomène, fédérant une myriade de foires satellites, des programmations ambitieuses dans des musées emblématiques tels que le Pérez Art Museum ou The Bass, et mettant en lumière des collections privées majeures comme le Rubell Museum ou The Margulies Collection at the Warehouse.
Cette année, la diversité est plus que jamais au cœur de l’événement. Avec deux tiers des exposants venus des Amériques et un renforcement notable de la scène européenne, notamment grâce à 11 nouvelles galeries du Vieux Continent, Art Basel Miami 2024 illustre avec éclat son rôle de passerelle culturelle entre l’Amérique du Nord et l’Amérique latine. Un rendez-vous où se rencontrent, dans un esprit résolument global, tradition, innovation et l’énergie inimitable de la Magic City.
Les sculptures en grands formats dominent cette année, avec une mise en avant remarquée d’œuvres d’artistes femmes.
Alice Aycock impressionne avec Goya (2024), une structure d’aluminium blanc aux allures d’explosion poétique présentée par la galerie Thomas Schulte.
Marguerite Humeau, quant à elle, déploie une œuvre multidimensionnelle et complexe avec Skera (The Conference in the Air IV-III “Golden Light”), exposée par White Cube, mêlant verre soufflé, soie teintée et matériaux industriels.
Dans un tout autre registre, Virginia Overton joue sur la matérialité brute avec Untitled (XLT), une sculpture faite d’un pick-up Ford Ranger et de métal, alliant humour et critique sociale, présentée par la galerie Bortolami.
Alicja Kwade, avec abarstoolisabarstoolisabarstool (2024), transforme un tabouret en bronze patiné en un objet aux résonances universelles, une proposition de la galerie Kamel Mennour.
Enfin, Zhu Jinshi dévoile Pathway (2024), une sculpture monumentale qui invite à une réflexion spirituelle, visible chez Pearl Lam Galleries.
Miami inspire, et cela se ressent dans les œuvres hautes en couleur qui reflètent l’énergie électrique de la ville.
Anne Imhof, avec Wish You Were Gay III (2024), dévoile chez Buchholz une toile à l’huile saisissante.
Chez Gagosian, Urs Fischer reste fidèle à son approche expérimentale en révélant Artificial Sweetener (2024), une explosion de couleurs réalisée en gesso, latex et acrylique.
Chiachio & Giannone transforment des motifs domestiques en une symphonie textile éclatante avec La Familia en el Alegre Verdor (2013-2019), à découvrir chez Ruth Benzacar.
De son côté, Teresa Solar propose Tunnel Boring Machine (2024), une sculpture mêlant argile et résine, exposée par Galerie Travesía Cuatro, où des formes industrielles prennent vie dans une palette chromatique audacieuse.
La céramique continue de séduire les artistes contemporains, et cette édition met en avant des œuvres qui repoussent les limites de ce médium.
Ainsi, Leandro Erlich sublime chez Continua la porcelaine Lladró dans Coral Car I (Seafoam) (2024), une sculpture entre poésie et écologie.
Sur le stand de la Berggruen Gallery, Stephanie H. Shih réinterprète une esthétique nostalgique tout en valorisant l’artisanat avec son Marinos Italian Ice Cart (2024).
Brian Rochefort embrase les regards chez Sean Kelly avec Summer (2024), une pièce texturée mêlant céramique, glaçures et fragments de verre.
Nina Surel, quant à elle, sublime la fragilité humaine avec Greta Chamotta/Great Love (2024), une œuvre proposée par Spinello Projects, où la faïence devient un médium poétique.
La photographie reste un medium phare, et cette édition met en lumière des travaux où l’introspection côtoie l’expérimentation formelle.
Chez Buchholz, Wolfgang Tillmans brouille les frontières entre abstraction et documentation avec Silver Installation IV (2008). Sur ce même stand,
Yair Oelbaum étonne avec Untitled (automotive fossil) (2024), une œuvre mêlant mémoire industrielle et esthétisme minimaliste.
Joanna Piotrowska explore des dynamiques de pouvoir intimes dans Implicit Lives (2024), une œuvre présentée par la galerie Madragoa.
Enfin, Catherine Opie, capture des paysages suspendus dans le temps avec Untitled #9 (Norway Mountain) (2024), exposée par Regen Projects.
Cette édition met également le Sud Global à l’honneur avec une sélection d’œuvres puissantes et engagées.
Chez Galleria Continua, Pascale Marthine Tayou propose avec Poupée Pascale (Hybridation) (2023) une sculpture hybride explorant globalisation et identité.
Sur le stand de Roberts Projects, Betye Saar mêle avec Tower of Destiny (2023) des objets trouvés et assemblage pour raconter des histoires profondément enracinées dans la mémoire afro-américaine. On y découvre également le travail d’Amoako Boafo, une série de portraits baptisée Three Shades (2021).
Marie Johnson-Calloway explore les récits familiaux et identitaires dans Family (1987), présentée par Eric Firestone Gallery.
Enfin, John Ahearn et Rigoberto Torres captivent avec Samson (1990), une œuvre saisissante en fibre de verre, proposée par Charlie James Gallery.
Art Basel Miami 2024 continue de capturer l’esprit de notre époque, en offrant un panorama riche et diversifié de la création contemporaine. Des sculptures monumentales aux explorations photographiques, des éclats de céramique aux récits du Sud global, cette édition célèbre l’audace, l’inventivité et la diversité de l’art. Sous le soleil de Miami, la foire réaffirme sa place de carrefour culturel où se croisent idées, artistes et inspirations venus des quatre coins du monde.
Visuel, photos : © Aline Arneiro