Le musée Zadkine, niché dans une petite rue du 6ᵉ arrondissement, consacre, jusqu’au 30 mars 2025, une exposition au lien fragile qui unissait le sculpteur Zadkine au peintre Modigliani.
Les deux artistes se rencontrent à une période charnière pour l’art contemporain, celle du début du XXe, dans le 15e arrondissement de Paris.
Dans les années 1920, le quartier de Montparnasse à Paris était au cœur de la révolution artistique et culturelle avant-gardiste. Ce lieu, qui attirait des artistes du monde entier, incarnait un bouillonnement créatif sans précédent. Peintres, écrivains, musiciens et intellectuels s’y côtoyaient dans des cafés emblématiques comme La Rotonde, Le Dôme ou La Coupole, où les idées novatrices prenaient forme.
L’effervescence du quartier était également marquée par les influences des mouvements cubiste, dadaïste et surréaliste, qui prospéraient dans une époque d’après-guerre empreinte d’un profond désir de liberté et d’innovation. Ce mélange unique de créativité et de cosmopolitisme a fait de Montparnasse un épicentre mondial de l’avant-garde artistique.
Montparnasse fut le refuge d’artistes comme Amedeo Modigliani, avec ses portraits aux visages allongés et ses nus emprunts de sensualité. Dans les mêmes ateliers, le sculpteur Ossip Zadkine développait un style unique, mêlant cubisme et influences classiques. Les deux artistes, bien que différents dans leurs approches, partageaient une quête et des inspirations nourries par l’effervescence de Montparnasse. L’un arrive d’Italie en 1906 et l’autre de Russie en 1909. De leur rencontre va naître des recherches communes sur les figures « primitives » et antiques.
L’exposition réunit pas moins de 90 œuvres, traçant un parcours à travers la charmante maisonnette du musée Zadkine. Depuis la rencontre des deux artistes en 1913, une scénographie très épurée nous plonge dans leur créativité, au fil de photos, lettres, brouillons, essais et de leurs grandes œuvres. Leur cheminement artistique est mis en perspective aux côtés de leurs pairs, comme Brancusi et Max Jacob, immergeant le visiteur dans cet âge d’or de l’art.
Après cette première partie, le parcours se prolonge dans le jardin du musée, lui aussi partie intégrante de l’exposition. On y découvre des sculptures de Zadkine, entités organiques harmonieusement intégrées dans ce petit écrin de verdure. Au bout du jardin, nous pénétrons dans l’atelier de l’artiste, conçu pour confronter et rendre lisibles les aspirations communes des deux créateurs, centrées sur leur exploration autour de la figure des « cariatides ».
Une exposition très riche, pertinente, qui retrace avec beaucoup d’émotion la relation en suspens des deux grands artistes.
Visuel : © Musée Zadkine