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25.11.2023 → 10.12.2023

21ème biennale internationale: le monde de la gravure a rendez-vous à Sarcelles

par Christophe Dard
19.11.2023

Du 25 novembre au 10 décembre, la ville du Val-d’Oise est la capitale mondiale de la gravure pour une manifestation devenue incontournable. Eaux-fortes, burins, aquatiques en noir et blanc ou en couleur… plus de 450 oeuvres de 250 artistes issus de 36 pays sont exposés. Du Liban au Mexique où des détenus s’initient à cet art dans un atelier de leur prison en passant par le Canada, la gravure est une globe-trotteuse engagée qui porte en elle des pratiques millénaires.

Si la gravure pouvait parler, ce serait un livre ouvert qui s’exprimerait de longues heures durant car cet art remonte aux origines de l’humanité. Jamais tombée en désuétude malgré les siècles qui rident le temps, la gravure a été plébiscitée par de nombreux artistes, les plus connus étant Dürer, Rembrandt, Goya et plus près de nous Soulages, Hartung, Fautrier ou Zao Wou-Ki… Chacun a pensé la gravure en éclaireuse qui ébauche de futures oeuvres mais aussi comme un refuge, une pause 
confidentielle et récréative entre la fulgurance et la grandiloquence des grandes compositions tel un journal intime rédigé pour échapper au vacarme du monde.

 

Ivan BAUTISTA
Sans titre / serie Oratorios
Xylographie 112 × 76 cm

 

Depuis 1980, dans le cadre d’une biennale internationale, la gravure a pris ses quartiers à Sarcelles, près de Paris, pour mettre en lumière et couronner celles et ceux qui font vivre ses multiples techniques aux quatre coins de la planète. Cette 21ème édition, sous le parrainage d’Astrid de La Forest, artiste plasticienne française de l’Académie des Beaux-arts, n’échappe pas à la règle et montre la diversité et le dynamisme de la gravure aux esthétismes sans cesse renouvelés.
De la vitalité des écoles d’art en passant par les nombreuses nations qui ont carte blanche à la biennale, la gravure est pratiquée partout, compatible avec les identités. Par exemple, au Mexique, invité d’honneur de ce cru 2023, la gravure, figurative ou abstraite, puise dans les racines de la civilisation du peuple Inca, représente des crânes, un motif récurrent de la culture mexicaine, et rend hommage à Frida Kahlo.

Enrique FLORES
En la costa
Lithographie 76×53 cm

 

La biennale internationale montre aussi que la gravure est engagée et devient un acte de résistance dans les pays dont le ciel est si bas qu’au milieu des nuages noirs, l’espoir a l’apparence d’un mirage. Pour cette édition 2023, l’Ukraine et l’Arménie répondent présents parmi les pays partenaires de l’événement tout comme le Liban, représenté par Assadour Bezdikian, invité d’honneur de la biennale. Né à Beyrouth et d’origine arménienne, il vit et travaille en France depuis 1964. Dans cette même veine militante, l’artiste mexicain Fernando Aceves Humana a fondé un atelier à la prison d’Etat d’Etla-Oaxaca pour permettre aux détenus d’oublier leurs conditions et de devenir des graveurs amateurs.

Assadour BEZDIKIAN
Sans titre
Eau-forte aquarellée 50×65 cm

 

Pour évoquer cette 21ème biennale internationale de la gravure, Cult.News a rencontré Jean-Pierre Tanguy, artiste, professeur honoraire à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et commissaire de la biennale, et Fernando Aceves Humana, artiste peintre et graveur mexicain.

 

Interview de Jean-Pierre Tanguy

 

Cult.News : La Biennale de la gravure est un rendez-vous incontournable chaque année depuis 1980. Ce succès s’explique-t-il par le fait que la gravure, qui existe depuis les origines de l’humanité, est un art en constante évolution ?

 

Jean-Pierre Tanguy: Le succès de la gravure s’explique évidemment par son évolution constante mais pas seulement. Ses caractéristiques techniques de fabrication et le regain d’intérêt pour les savoir-faire participent également à son rayonnement auprès des amateurs d’art.

Kayoko SAKAMOTO
Optimist 2
Gravure sur bois 37×30 cm

 

L’invité d’honneur est le Mexique. Plusieurs pays participent notamment comme partenaires. Comment travaillez-vous pour découvrir les artistes aux quatre coins du monde exposés à cette Biennale malgré les conflits qui frappent certains de ces pays comme l’Ukraine, l’Arménie ou le Liban?

 

Professeur de gravure à l’école des Beaux-Arts de Paris pendant près de 40 ans, j’ai eu l’opportunité et la chance de former des étudiants venus du monde entier et qui sont aujourd’hui devenus des artistes reconnus. J’ai animé de nombreux ateliers de gravure à travers le monde, à l’invitation d’institutions culturelles, ce qui m’a permis de rencontrer d’autres partenaires et artistes. C’est grâce à ces contacts que les nombreuses biennales se sont construites et enrichies. On dit souvent que le monde de la gravure est petit et solidaire. C’est pour cette raison que j’ai pu inviter les pays qui sont en conflits actuellement. Cela m’a paru naturel et indispensable pour exposer le travail de ces artistes malgré les difficultés qu’ils rencontrent pour continuer de produire leurs gravures dans des pays durement touchés.

Shahane SHAHBAZYAN
Sadnees
Gravure sur bois 40×30 cm

 

On parle du Liban… Assadour Bezdikian, franco libanais, est l’invité d’honneur de cette 21ème édition. Pouvez-vous nous parler de lui ?

 

Je connais Assadour depuis de nombreuses années, c’est un artiste qui a un rayonnement international. Depuis son arrivée à Paris en 1964, il a été un des moteurs de la gravure française. J’ai souhaité qu’il soit l’invité d’honneur de cette édition car il a marqué profondément la gravure par sa richesse graphique et par sa précision dans la réalisation de ses estampes. Je dirais même par la subtilité de son imaginaire. Il a d’ailleurs illustré de nombreux livres de poésie. C’est un artiste dont j’ai toujours admiré le travail.


Quels sont vos coups de coeur pour cette 21ème édition ?

 

Mon coup de cœur pour cette édition (ce qui n’enlève rien à mon admiration pour tous les artistes présentés), c’est indiscutablement le Mexique. Grâce à l’accueil et à l’investissement de Fernando Aceves Humana (créateur de l’atelier La Buena Impresion et artiste graveur), j’ai pu rencontrer les artistes et visiter les ateliers de gravure de Oaxaca. De voir une ville consacrée à la gravure grâce à des artistes comme Tamayo et Toledo a été un choc artistique et visuel.

Luis ZARATE
Mariposa tehuana
Techniques mixtes 66 × 84 cm

 

La force de cette Biennale est qu’elle est à destination du public dans un esprit pédagogique et ludique… Quels événements sont prévus au cours de la quinzaine ?

 

Des visites-conférences et ateliers d’initiation à la gravure sur le temps scolaire pour les classes de la Grande section de maternelle au lycée, des visites-conférences tout public hors temps scolaire animées par la direction des affaires culturelles de la ville et les professeurs de l’école d’arts plastiques municipale Janine Haddad, 2 conférences animées par Jean-Pierre Tanguy et Fernando Aceves Humana le jeudi 30 novembre de 19h à 20h30 et le samedi 9 décembre de 15h30 à 17h, des démonstrations…


Vous êtes professeur honoraire de l’atelier gravure à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris… la Biennale montre la vitalité de cette technique à l’échelle mondiale mais quelle place occupe-t-elle aujourd’hui dans la production artistique hexagonale ?

 

Force est de reconnaître que la place de la gravure en France est très peu représentée et de plus en plus mal représentée. Cela est dû, à mon avis, au manque d’enseignement dans les écoles d’art qui sont devenues des écoles spécialisées dans d’autres formations. Le manque de galeries, le manque d’éditeurs et aussi la baisse significative du nombre d’imprimeurs taille-douciers, sans compter les difficultés financières pour les jeunes artistes qui ont tendance à privilégier le digital qui est moins onéreux pour imprimer, explique cette situation.

Ferney SHAMBO
Sal y azucar
Eau-forte, aquatinte 71×48 cm

 

Interview de Fernando Aceves Humana

 

Cult.News: Quel est votre parcours ?

 

Fernando Aceves Humana: Je suis né à Mexico en 1969. J’ai étudié à la faculté des Arts et du Design de l’Université Nationale Autonome de Mexico et je me suis ensuite spécialisé dans la technique de la gravure à l’École des Beaux-Arts de Rome, en Italie. À mon retour au Mexique, j’obtiens l’une des bourses pour jeunes artistes accordées par le Fondo Nacional para la Cultura y las Artes (Fonds national pour la culture et les arts). Je me suis ensuite installé à Paris, où j’ai été résident de la Cité internationale des arts, grâce à la bourse française d’excellence artistique.
 Tout au long de ma vie professionnelle, j’ai donné des cours de gravure dans les écoles des beaux-arts de Vientiane et de Luang Prabang au Laos. J’ai cofondé l’atelier Char-RUFA à l’Université Royale des Beaux-Arts de Phnom Penh – le premier atelier de gravure sur métal au Cambodge -, l’atelier Toot Yung à Bangkok, en Thaïlande, ainsi que l’atelier de lithographie La Buena Impresión à Oaxaca, un espace dédié à la production artistique professionnelle et à l’enseignement des jeunes issus des communautés rurales.
Je vis actuellement dans la ville d’Oaxaca et suis membre du Système National des Créateurs d’Art.
J’ai exposé au Mexique, aux États-Unis, en Angleterre, en France, en Allemagne, en Espagne, en Italie, en Suisse, au Sénégal, en Chine, en Thaïlande, au Cambodge et au Viêt Nam. Mes œuvres font partie des collections de prestigieux musées au Mexique et à l’étranger.

Tomas PINEDA
El canto de las sirenas
61 × 79 cm

 

Le Mexique est invité d’honneur. Que verra-t-on de la production de ce pays dans la Biennale ?

 

Une sélection du panorama fertile de l’estampe contemporaine au Mexique à travers le travail d’une vingtaine de talentueux artistes établis, y compris des artistes émergents et une section de jeunes étudiants. Tous exploitent le potentiel expressif de l’estampe ou de la lithographie. 
Également une série de mes propres gravures sélectionnées par Jean-Pierre Tanguy que je remercie de m’avoir invité à la Biennale.

Fernando Aceves HUMANA
Excavacion en atzompa
Lithographie 54×75 cm

 

Le grand public ne soupçonne pas forcément une présence importante de cet art dans votre pays. Comment expliquer que la gravure occupe cette place sur la scène artistique mexicaine ?

 

Le graveur José Guadalupe Posada, actif à la fin du XVe siècle, est pour nous aussi important qu’Honoré Daumier l’est pour la France. Tous deux ont défini l’identité et les préoccupations de la société de leur temps d’une manière si originale qu’ils appartiennent à l’album de la famille humaine.
 Après la révolution mexicaine et la perte de deux millions de vies, la gravure et le muralisme ont contribué à créer la nouvelle identité artistique dont notre nation avait besoin.
 Depuis lors, la gravure et la communauté créée autour des presses font partie de notre vie quotidienne.
Les ateliers et les initiatives collectives se multiplient pour partager une technique populaire parmi les jeunes et la population qui les apprécie et les acquiert. 
Oaxaca est la ville qui compte le plus grand nombre d’ateliers de gravure au monde, grâce à l’atelier Rufino Tamayo, une école gratuite et une résidence pour les jeunes des communautés rurales, créée en 1974 par Roberto Donís et soutenue par Rufino Tamayo et Francisco Toledo. Des générations d’artistes oaxaquais y ont été formées et la ville a fait de l’estampe l’une de ses traditions.
 Moyen accessible d’exprimer des idées et des positions politiques, elle est également devenue un puissant moyen d’impression dans les rues pendant le conflit de 2006.
 Oaxaca est également un centre qui attire des artistes internationaux pour créer leurs éditions grâce à l’excellence technique de ses maisons d’édition professionnelles.

 

La capitale de la gravure au Mexique est Oaxaca. Pouvez-vous nous faire une visite guidée ?

 

Les ateliers sont de plus en plus nombreux, 3 ou 4 dans chaque rue de centre-ville, à l’initiative de collectifs de jeunes locaux. Les plus importants sont, selon moi, Taller Sangfer, La buena Impresión, Taller la Chicharra, Burro Press, La huella Gráfica, grafica Zanate 
Je recommande vivement l’Instituto de Artes Gráficas de Oaxaca, fondé par Franciaco Toledo, avec sa salle d’exposition, sa bibliothèque et la collection Toledo.

Fernando Aceves HUMANA
Sans titre
Gravure sur métal 54×72 cm

 

Vous y avez fondé un atelier de gravure dans une prison. Pouvez-vous nous parler de ce projet qui vous tient à coeur et des réalisations que nous pourrons voir à la Biennale ?

 

L’atelier de la prison d’État d’Etla a été fondé par Cesar Chavez. C’est lui et le Dr. Lakra (collaborateur de la bonne impression) qui m’ont invité à participer et j’y ai donné de nombreux cours. C’est un lieu très émouvant, ses participants et leur énergie créatrice sont extraordinaires. 
J’ai eu l’occasion de fonder avec Francisco Castro Leñero et Chan Vitharin le Taller Char-RUFA au Cambodge (le seul atelier de gravure du pays). Nous avons fait un don à l’École royale des beaux-arts de Phnom Penhy et créé le département des beaux-arts de l’université. 
De même, avec Daniel Barraza on a créé La buena impresión à Oaxaca, une école pour les jeunes des communautés rurales et urbaines et une imprimerie de production professionnelle pour les artistes. La buena impresión grandit et fructifie grâce à Daniel Barraza et à son équipe d’imprimeurs et d’étudiants. Elle a été fondée grâce à la générosité de Patrick Devreux et Julie Gerbaud qui nous ont fait don de leur presse électrique Voirin, afin qu’elle puisse fonctionner pendant encore 100 ans dans le cadre de projets éducatifs et d’édition professionnelle.
Enfin, je tiens à remercier Jean Pierre Tanguy et la Municipalité de Sarcelles pour l’effort que représente un événement d’une telle ampleur, pour l’intérêt qu’ils portent à l’estampe mexicaine et pour mon travail de création.

Du samedi 25 novembre au dimanche 10 décembre 2023 / Entrée libre
Vernissage le samedi 25 novembre 2023 à 18 h
 / Village de la Gravure, École d’Art Janine Haddad, 5 route de Garges – 95200 Sarcelles
Entrée libre du mardi au samedi de 10h à 17h30, le jeudi de 10h à 20h30 et le dimanche de 14 h à 17 h.
Visites-ateliers et démonstrations pour scolaires et groupes sur rendez-vous auprès de la Direction des affaires culturelles au 01 34 38 20 56
Visites-conférences animées par le Commissaire de la Biennale / le jeudi 30 novembre 2023 de 19 h à 20 h 30 et le samedi 9 décembre 2023 de 15 h 30 à 17 h.
Participation gratuite sur réservation auprès de l’École d’Art Janine Haddad. / 01 39 90 54 17 / ecoledart@sarcelles.fr