Mardi 18 juin, c’était l’ouverture du 13e Champs-Elysées Film Festival au cinéma le Publicis sur la fameuse «plus célèbre avenue du monde». Une ouverture toute en contraste entre un petit concert au clavier de Vincent Delerm et la projection du film d’ouverture suivant la vie des Bigfoot…
Comme le souligne l’un des trois invités d’honneur du Champs-Élysées Festival en montant sur scène, nous n’en sommes pas à une contradiction près pour cette soirée d’ouverture. C’est presque sans transition ce soir qu’on passe de sa « chanson française mélancolique » aux Bigfoot du film de David et Nathan Zellner. Cheveux blancs et sourire aussi grand que ses lunettes, l’élégant Vincent Delerm a commencé par un titre d’il y a onze ans «Les amants parallèles» pour parler d’un cinéma qu’on ne verra pas : «Et tu connais le film par cœur». Eh bien non justement, il y a tout à découvrir dans ce festival exigeant qui soutient le cinéma indépendant et n’a pas peur de faire genre. Devant son clavier, dans un halo qui crée tout de suite l’intimité, le chanteur joue le jeu et nous fait chanter «Aux Champs-Élysées». Mais le moment le plus émouvant, c’est quand il accompagne avec délicatesse la voix éternellement lumineuse de Romy Schneider…
C’est avec une énergie que la Présidente du jury amusée qualifiera de « militaire » que Sophie Dulac succède à Vincent Delerm… Non sans nous enjoindre à aller voir son film, Le Cœur qui bat, samedi prochain au Balzac à 19h, dans une programmation où nous aurions «coché toutes les cases». Elle fait un discours politique engagé, contre les extrêmes qui inquiètent et pour le cinéma, à l’heure où quatre salles ont dû fermer dans le quartier. Mais en même temps, le tapis rouge est bien là, les trois jurés sont au garde-à-vous et tous entonnent Joe Dassin comme un hymne…
Invités d’honneur du festival en 2018, David et Nathan Zellner étaient de retour pour présenter un film d’ouverture surprenant… Primitifs (Sasquatch Sunset) met plusieurs acteurs en lumière, dont Riley Keough, Jesse Eisenberg et Nathan Zellner, eux-mêmes cachés sous des costumes de Bigfoot. Les Bigfoot(s) sont des créatures autochtones légendaires qui vivraient aux États-Unis et au Canada. Le mythe date presque des origines, au moins de la ruée vers l’or. Et le film nous fait entrer dans l’état de nature, dans une forêt pléthorique pour les voir se nourrir, se battre et résoudre des conflit en s’accouplant… Tout un programme de résolution de paradoxes qui nous tiraillent, entre frayeur et glamour, mélancolie et hymne…