Poursuivant la voie ouverte par son court sur le sujet, Mano a Mano, Louise Courvoisier propose un premier long métrage magnifique en compétition dans la section Un certain regard du 77e Festival de Cannes. Une plongé dans l’univers du comté jurassien qui mélange passage à l’âge adulte et chaudron magique.
Traduit Holy Cow en anglais, Vingt dieux fait le portrait d’un jeune jurassien de 18 ans. Anthony alias « Totone », qui picole trop et a arrêté les études. Le décès soudain de son père change sa vie. Le voici responsable de sa petite sœur Claire. Il se met à bosser, à s’en occuper et surtout il décide de reprendre le métier familial : fromager. Sauf que cela ne s’improvise pas… Et que le meilleur lait est chez une voisine qui lui plaît, mais dont les frères sont ennemis.
Quelle belle invitation à découvrir son monde que nous propose Louise Courvoisier ! Et en plus, elle nous reçoit en famille avec des frères et une mère au son et aux décors. Pour le reste : les comédiens sont tous non professionnels et réellement «du coin», mais toutes et tous sont si bien castés et dirigés qu’on ne pourrait rêver mieux. L’image est sensuelle, la musique invite à la vie et les premières amours à l’ombre des vaches et du foin en fleurs sont belles, sensuelles, drôles. Le métier s’apprend quand même un peu au milieu des touristes, les fermiers continuent à travailler du premier au dernier Angelus, et les garçons continuent de se battre et de faire vroum vroum sur des motos et des tracteurs.
Tout sonne juste dans ce film où chaque détail est travaillé. Et avec Vingt dieux – film au titre aussi génial que triomphal –, on semble bien rompre avec le mauvais sort fait aux films agricoles depuis le succès (mérité) de Petit paysan. Louise Courvoisier revisite la recette du comté et celle du naturalisme et rend le fromage qui égoutte ou le jeune homme en panne d’érection parfaitement cinématographiques. Chapeau bas!
« Vingt dieux », de Louise Courvoisier avec Clément Faveau, Luna Garret, Mathis Bertrand, Dimitry Baudry et Maïwene Barthelemy, Festival de Cannes 2024, Sélection officielle, Un certain regard.
Visuel : (c) Pyramide
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