Passé par le Sundance Film Festival et le Festival du Cinéma Américain de Deauville, Train Dreams, deuxième long métrage de Clint Bentley, débarque cette semaine sur Netflix.
Après avoir coécrit le scénario du touchant Sing Sing avec son collaborateur de longue date Greg Kwedar, Clint Bentley compte bien chambouler à nouveau – et cette fois-ci en solo – les spectateurs avec Train Dreams. Pour son deuxième long métrage en tant que réalisateur, Bentley s’inspire du court roman éponyme de Denis Johnson, paru en août 2011. A l’image notamment de The Power of The Dog (2021) de Jane Campion, on regrette pourtant de ne pas pouvoir découvrir ces images d’Épinal de contrées sauvages américaines sur grand écran. Il est ceci dit déjà heureux d’avoir simplement accès au film dans l’Hexagone (on se console comme on peut !).
Train Dreams dresse le portrait d’un ouvrier bûcheron discret et peu bavard baptisé Robert Grainier (Joel Edgerton, épatant), qui vogue de chantier en chantier afin d’abattre des parcelles de forêts pour construire des voies de chemin de fer dans l’Amérique des années 1910. Orphelin depuis l’enfance et ayant rapidement quitté l’école pour charbonner, Robert manque d’éducation et de vie sociale jusqu’à sa rencontre impromptue avec la douce Gladys (Felicity Jones, lumineuse), qu’il courtise timidement avant de l’épouser. Le couple décide ensuite de construire une cabane en bois aux bords d’une rivière. Forcé de quitter régulièrement le cocon familial pour son travail, Robert supporte mal d’être éloigné de sa femme et de sa petite fille. Un jour, tandis qu’il rentre d’une saison de dur labeur, sa vie se retrouve bouleversée à tout jamais. Un long chemin vers la reconstruction démarre alors pour lui.
Dès les premières images, Train Dreams convoque assez rapidement le cinéma contemplatif de Terrence Malick. Avec une bande originale envoûtante signée Bryce Dessner et l’utilisation récurrente d’une caméra à l’épaule, le film déploie une atmosphère aussi flottante que poétique sur l’intégralité de son récit. Au diapason de son protagoniste principal, le spectateur observe et écoute les actions et dires des personnages secondaires qui croisent le chemin de Robert au gré de ses missions. Attentif à ce qui l’entoure mais avare de mots, notre héros parvient pourtant à mettre en lumière les existences simples de ses confrères de chantier qu’il côtoie le temps d’une saison de coupe.
Le personnage campé par William H. Macy, pour ne citer que lui, fait partie de ceux qui serre le gosier. Pour les autres, on reste aussi taiseux sur les différents protagonistes que Robert afin de laisser toute surprise quant au casting et aux différents personnages écrits finement par Bentley. Avec ses nombreuses pistes réflectives autour du sens de la vie, du temps qui passe, de l’amour, de l’amitié, du lien entre l’Homme et la nature ou encore des petits bonheurs quotidiens, Train Dreams enchante par sa pudeur, sa sensibilité et sa beauté tout en décortiquant avec délicatesse la fin d’une ère. Une jolie surprise, qu’on imagine bien se frayer un chemin jusqu’à la 98ème cérémonie des Oscars en mars 2026.
Train Dreams de Clint Bentley. Avec Joel Edgerton, Felicity Jones, Kerry Condon… 01h43. États-Unis. Disponible le 21 Novembre 2025 sur Netflix.
Visuel : © Netflix